… revenons à présent à Manille, que nous avons abandonnée le 31 janvier 1945, alors que les troupes américaines venaient de s'emparer du terrain de Clark Field, à une cinquantaine de kilomètres au Nord de la ville.
Pour compléter l’encerclement, un débarquement supplémentaire a également été organisé le 15 janvier, à une soixantaine de kilomètres au Sud.
En dépit de la résistance japonaise, les Américains sont confiants : le 3 février, ils parviennent d'ailleurs à franchir la rivière Tullahan, dernier obstacle naturel avant la ville; le lendemain, les paras de la 11ème Aéroportée atteignent les faubourgs sud, ce qui permet à MacArthur de proclamer la chute "imminente" de la capitale des Philippines.
C’est vendre la peau du Mikado avant de l’avoir tué car si le général Yamashita a ordonné l’évacuation de la ville après en avoir détruit tous les ponts et bâtiments vitaux, la place des fantassins nippons a aussitôt été prise par les fusiliers-marins du contre-amiral Iwabushi, aidés de plusieurs centaines de collaborateurs philippins et de tous les traînards japonais que les uns et les autres sont parvenus à rassembler : en tout, une quinzaine de milliers d’hommes.
Et si Yamashita, sachant Manille indéfendable et sans intérêt stratégique, si Yamashita entend retraiter en vue de poursuivre la lutte sur un terrain plus favorable, en l'occurrence les montagnes au Nord de Luzon, Iwabushi préfère quant à lui ne pas reculer d'un pouce, et donc combattre et puis mourir dans Manille-même, tel un vrai samouraï.
Hiérarchiquement, le second est le subordonné du premier et devrait par conséquent se soumettre à l’ordre d’évacuation de celui-ci.
Mais Iwabushi est un marin, et Yamashita un fantassin. Et à cette traditionnelle querelle entre la Marine et l’Armée de Terre se greffe à présent la déliquescence de l’appareil militaire japonais dans son ensemble, où plus personne ne croit en une victoire possible et veut simplement jouer sa propre carte comme il l’entend, dans un gigantesque hara-kiri collectif…
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