samedi 7 août 2010

2711 - "Tuer des Japonais, des Japonais, et encore davantage de Japonais".

… dans l’US Navy, tout le monde le connaît sous son sobriquet de "Bull", ce qui signifie "Taureau" et vaut bien tous les discours.

A bientôt 62 ans (il les aura le 30 octobre 1944), William Frederick "Bull" Halsey est un donc fonceur et un homme qui, à l’image de George Patton, ne s’embarrasse ni de procédures ni de profondes réflexions stratégiques.

C’est un homme dont la tactique se limite, selon ses propres termes, à "Frapper fort, frapper rapidement, et frapper souvent", et le slogan à "Tuer des Japonais, des Japonais, et encore davantage de Japonais", ce qui paraîtra certes choquant au lecteur contemporain mais est, à l'époque un credo que partagent la quasi-totalité des marins américains, lesquels ont encore l'attaque de Pearl Harbour en mémoire, et auront bientôt sous les yeux - mais n'anticipons pas - les images d'avions-suicide japonais se ruant sur leurs navires.

"Avant que nous en ayons fini avec cette guerre, on ne parlera plus le Japonais qu’en enfer !", a paraît-il déclaré Halsey au lendemain de Pearl Harbour. Et du reste, les plus anciens de ses subordonnés ont encore en mémoire son accès de rage du 23 décembre 1941, lorsque, sur la passerelle du porte-avions Enterprise, il avait reçu l’ordre de faire demi-tour, abandonnant ainsi les défenseurs de Wake à leur sort.

A l’époque, personne n’avait osé lui faire observer que l’Enterprise se trouvait encore à quelque 2 000 kms de l’ile, et qu’avec les faibles moyens dont il disposait, il valait bien mieux battre en retraite et préserver l’avenir que sacrifier héroïquement, dans un combat perdu d’avance, un des rares et précieux porte-avions de la Navy.

Trois ans plus tard, alors qu'il arpente désormais la passerelle du cuirassé New Jersey, la situation militaire a radicalement changé, mais si Halsey a depuis longtemps trouvé quantités d’occasions, et de navires japonais, sur lesquels se faire les nerfs, il n’a cependant rien perdu de son impétuosité ce qui, pour un chef de guerre, et dépendamment de la manière dont on la conçoit, représente autant une qualité qu’un grave défaut.

A sa décharge, Halsey peut cependant mettre en avant les accusations dont son collègue Raymond Spruance a été victime, au terme de la Bataille de la Mer des Philippines.

Bien que celle-ci se soit finalement soldée par une large victoire américaine, nombre d’observateurs n’ont en effet pu s’empêcher de constater que Spruance, par sa prudence excessive, a bel et bien laissé filer la plus grande partie de la flotte japonaise qu’il tenait pourtant à la gorge.

Une accusation dont Halsey est bien résolu à ne jamais faire l’objet, et qui va bientôt l’inciter à foncer tête baissée avec tous les moyens dont il dispose, et dans l’espoir d’en finir une fois pour toutes avec une Marine impériale japonaise à laquelle il est à présent temps de nous intéresser…

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