samedi 20 mars 2010

2568 - gagner par attrition

... dans les guerres modernes, c'est l'attrition, bien plus que le courage des soldats ou le supposé "génie" des chefs, qui fait la différence entre le vainqueur et le vaincu.

Pour gagner la guerre, il faut produire au moins autant d'armes - et si possible de meilleure qualité - que l'adversaire, mais il faut aussi être en mesure de remplacer à un rythme soutenu les armes perdues, endommagées, détruites ou encore - et on l'oublie souvent - simplement rendues obsolètes par l'évolution de la technologie guerrière.

Et la 2ème G.M. se caractérisa dès le départ par l'obsolescence vertigineuse des armements employés.

Dans le domaine des chasseurs par exemple, la plupart des belligérants débutèrent la guerre avec des moteurs qui, comme celui du Spitfire Mk I, développaient environ 1 000 CV.

Cinq ans plus tard, la puissance installée avait plus que doublé, et les avions eux-mêmes avaient entamé leur passage à la réaction.

Le cas des bombardiers est encore plus spectaculaire. Considéré comme très performant - y compris par ses adversaires - en 1940, le Heinkel 111 pesait une douzaine de tonnes, et pouvait emporter deux à trois tonnes de bombes sur moins de deux mille kilomètres.

Quatre ans plus tard, le Boeing B-29 affichait plus de 50 tonnes sur la bascule et pouvait emporter près de dix tonnes de bombes sur cinq mille kilomètres. Et encore faisait-il figure de nain en regard du futur Convair B-36 qui, commandé dès 1941, était conçu pour emporter sur une distance deux fois plus grande une charge militaire trois fois plus importante (1)

Cet extraordinaire accroissement des performances se retrouvait naturellement dans d'autres domaines, comme celui des blindés. En 1940, le meilleur tank allemand, le Panzer IV, se contentait ainsi d'une vingtaine de tonnes et d'un canon de 50mm. Deux ans plus tard, le Tiger I se dotait déjà d'un canon de 88mm, boulonné sur un châssis qui n'était pas loin d'avouer ses soixante tonnes.

Concevoir de telles armes, les construire en grande quantités, et les remplacer à cadence soutenue, tout cela représentait un défi industriel formidable, face auquel les différents belligérants était loin de jouer... à armes égales.

(l) conçu pour bombarder Berlin depuis New-York, le B-36 effectua son premier vol en août 1946

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