
... contrairement à Hitler, le général Tojo n'ambitionnait certes pas de vaincre, ni a fortiori de coloniser, un pays non seulement plus peuplé mais aussi infiniment plus vaste que le sien.
Dans son esprit, et celui de l'État-major impérial, la destruction de la flotte américaine du Pacifique, ancrée à Pearl-Harbor, priverait les Américains de toute possibilité de se "projeter" à l'extérieur de leurs frontières pour plusieurs mois, si pas plusieurs années, ce qui laisserait au Japon le temps nécessaire pour conquérir l'Asie du Sud-Est et une partie du Pacifique, et pour s'y retrancher confortablement, en sorte que les États-Unis, en bonne démocratie soucieuse de préserver la vie de ses soldats, préféreraient sans doute négocier une paix de compromis plutôt que de se lancer dans une coûteuse et fort meurtrière campagne de reconquête.
En juin, lors de la Bataille de Midway, trois porte-avions américains parvinrent à couler quatre porte-avions japonais en ne perdant qu'un seul des leurs, faisant ainsi basculer le rapport des forces dans le Pacifique et permettant aussi une reconquête qui, au grand dam de l'État-major japonais, s'amorça dès le mois d'août suivant, avec un débarquement à Guadalcanal.

Dans l'esprit du Führer, les États-Unis et leurs 130 millions de citoyens seraient en effet tellement occupés dans le Pacifique contre le Japon et ses 70 millions de fanatiques qu'ils ne pourraient plus intervenir en Europe, ni même continuer à consacrer autant d'efforts à soutenir une Grande-Bretagne qui, pour voler à la rescousse de ses propres possessions extrême-orientales, se verrait elle-même contrainte d'affaiblir sa situation militaire à l'Ouest
Il se trompait lui aussi...
(1) Saviez-vous que... 663 à 665
(2) Kershaw, Hitler, tome II, page 649
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