mardi 19 janvier 2010

2508 - les occasions manquées

… dans les pays baltes, l’invasion de l’URSS, le 22 juin 1941, a été accueillie par la population avec des cris d’allégresse.

Il faut dire que moins d’un an auparavant, l’Armée rouge y avait brutalement mis fin à 20 ans d’Indépendance, arrêtant, déportant ou exécutant au passage près de 200 000 Lettons, Lituaniens et Estoniens.

En Lituanie, où plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été expédiées dans des camps sibériens le 14 juin, ce sont même des coups de feu qui accompagnent l’Armée rouge en retraite. Des coups de feu tirés non pas par des soldats allemands, mais bien par les civils Lituaniens eux-mêmes qui, le 23, s’emparent de Kaunas et de Vilnius, établissent un gouvernement provisoire, et proclament la restauration de l’Indépendance.

Si les soldats allemands sont partout accueillis en libérateurs, l’Allemagne nazie, elle, n’a nullement l’intention de respecter les vœux de la population : le gouvernement provisoire est rapidement aboli, et la Lituanie incorporée, comme ses consœurs, dans un vague "Ostland" aux ordres de Berlin.

C’est là, c’est dans ces premiers jours de la guerre contre le "Judéo-bolchevisme", qu’Hitler va commettre sa plus grave erreur. Pour le Führer, et il faut bien le dire pour la population allemande dans son ensemble, tous les "Slaves" se ressemblent et leurs pays respectifs ne peuvent en vérité que servir de réservoirs d’esclaves pour leurs maîtres allemands.

"Il n’y a pas de nations indépendantes à l’Est", résume Martin Bormann, secrétaire d’Hitler, avec sa brutalité coutumière, "mais seulement la masse soviétisée des Slaves, qui doivent être et seront maîtrisés !" (1)

En quelques mois, dans les pays baltes, mais aussi en Ukraine et dans plusieurs républiques soviétiques, le Reich va ainsi s’aliéner, par pur réflexe de supériorité raciale, des millions de personnes qui, jusque-là fort heureuses de s’être vues débarrassées des communistes et des commissaires politiques grâce aux soldats allemands, vont finalement apprendre à les regretter.

Dans le Pacifique et en Asie du Sud-Est, le Japon va également, et pour la même raison, commettre la même erreur, et faire amèrement regretter aux Indochinois, aux Birmans ou aux Indonésiens, le joug des colons français, britanniques ou néerlandais.

Et quand Berlin et Tokyo se rendront finalement compte de leur erreur, il sera trop tard…

(1) Ailsby, op cit, pages 139-140

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Petite remarque, Vilnius s'appelait Wilno et était peuplée en majorité de Polonais à l'époque. C'est Staline qui l'a cédé à la Lituanie en Octobre 1939 (après l'invasion de la Pologne) avant d'annexer ce pays en 1940 et le transformer en une république soviétique. Puis en 1945, la ville est resté dans la RSS de Lituanie et Staline a chassé les Polonais.

Bien sûr, Vilnius reste la capitale historique de la Lituanie, mais à l'époque, c'est une ville Polonaise.

Fix a dit...

Vilnius est dans le même cas que Fiume et d'autre villes, c'est à dire que la population urbaine est polonaise, mais les campagnes environantes sont lithuaniennes (surtout) et ukrainiennes
d'ou les revendications de part et d'autre et la situation inextricable

Anonyme a dit...

En tout cas merci pour les renseignements :)