samedi 9 janvier 2010

2498 - l'inutile Légion indienne

… au fil des mois, et grâce à l’influence de Bose, de 4 000 à 6 000 Indiens vont quitter les camps de prisonniers allemands pour se mettre au service du Troisième Reich.

Mais 4 000 à 6 000 volontaires, ce n’est en vérité pas grand-chose… et c’est par ailleurs 10 fois moins que le nombre d’Indiens également "retournés" par l’armée japonaise après la Chute de Singapour (15 février 1942), ce pourquoi l’euphorie des débuts va vite céder la place à une analyse plus objective – et plus déprimante - de la situation.

Car la grande particularité de cette Légion indienne est de ne pouvoir être employée sur le Front de l’Est, dans la grande lutte contre le "judéo-bolchevisme" ! Les accords conclus entre Bose et les autorités allemandes stipulent en effet que les volontaires indiens ne peuvent être engagés que sur le sol indien, et contre leurs anciens maîtres britanniques.

Comme il faudra des mois, voire des années, avant que la Wehrmacht soit en mesure de franchir la frontière des Indes, que faire en attendant de ces milliers de volontaires plus ou moins enturbannés mais déjà en uniforme feldgrau ? Et que faire de Bose lui-même, qui serait manifestement plus utile en Inde, à prêcher la révolte, plutôt qu’à Berlin, en train d’inspecter des troupes indiennes dont nul ne sait si elles verront un jour le combat ?

Alors, le 8 février 1943, Bose quitte l’Allemagne à bord d’un sous-marin qui, au terme d’un fort long parcours, va l’amener à Madagascar où un autre sous-marin, japonais celui-là, va le déposer à Sumatra (1), d’où il finira par gagner Tokyo pour y prendre la tête d’un pseudo "Gouvernement provisoire de l’Inde libre", et y organiser la lutte contre le Pouvoir colonial britannique.

Reste à régler le cas des volontaires indiens eux-mêmes. En janvier 1942, une centaine d’entre eux avaient déjà été secrètement parachutés en Perse, dans l’espoir qu’ils parviendraient ensuite à gagner les Indes afin d’y organiser des attentats contre les intérêts britanniques. L’affaire ayant cependant tourné court, la Légion indienne avait recommencé à tourner en rond dans ses casernes.

Au début 1943, quatre "forceurs de blocus", déguisés en paisibles cargos suédois (2), vont à leur tour s’efforcer de franchir les barrages britanniques, afin d’acheminer jusqu’à Singapour quelques dizaines de volontaires indiens particulièrement motivés et dissimulés à fond de cale. Une opération assurément audacieuse mais fort peu rentable, puisqu’un seul de ces navires arrivera finalement à bon port…

(1) Durant la guerre, de nombreux sous-marins allemands et japonais assurèrent des allers-retours entre l’Allemagne et le Japon afin d’y livrer des armes ou d’y charger des matières premières
(2) La Suède était un pays neutre

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Pour être précis , le U boot U180 assura la première partie du voyage (Europe-Bonne espérance, puis un point situé en pleine mer à 400 Milles au sud de Madagascar.
Là le leader indépendantiste indien embarqua sur le I29 (commandé par le Capitaine de Frégate Kinashi) tandis qu'un officier conseiller militaire japonais embarquait sur le U180 pour une mission en Allemagne. C'est dire si les Allemands faisaient flèche de tout bois pour affaiblir l'empire britannique.
Bose fut débarqué à poulo Penang alors aux mains des japonais après avoir été une base commerciale et navale anglaise . (Histoire générale de la guerre sous marine de Léonce Peillard Robert Laffont 1970)
Chandra Bose est toujours considéré en Inde comme un des pères de l'indépendance et le fait qu'il ait collaboré avec l'Allemagne ne lui a jamais été reproché dans son pays natal (l'ennemi de mon ennemi est, quelque part, mon ami...).

Il faut dire aussi qu'il est mort opportunément 1945 dans un accident d'avion (Comme Todt, comme les généraux putschistes espagnols Mola et Sanjurgo, comme l'encombrant général Sikorski, résistant polonais qui déplaisait à Staline ou encore, après guerre, le codottiere du pétrole, Mattei, qui s'était mis à dos à lafois De Gaulle et toutes les grandes compagnies pétrolières multinationales) seuls les esprits complotistes et chagrins insinueront que sa disparition était suspecte...