lundi 4 janvier 2010

2493 - bientôt perdus

… si la dissolution de l’éphémère Légion Tricolore a – pour un temps – soulagé les problèmes de recrutement de la LVF, et même amélioré – un peu - la situation financière des légionnaires eux-mêmes, elle n’a en revanche rien changé sur le fond.

Plus le temps passe et plus le moral des volontaires va même en se détériorant. Cela s’explique bien sûr par la présence de partisans de plus en plus nombreux et agressifs derrière le Front russe, mais aussi par la dégradation de la situation sur ce qu’il est convenu d’appeler le "Front intérieur".

En France, comme nous l’avons vu, la LVF n’avait jamais fait l’objet du moindre consensus populaire. Mais en 1941, et même en 1942, l’existence des légionnaires pouvait sembler acceptable à la plupart des Français, convaincus de la victoire imminente du Reich, et n’ayant guère que le portrait du maréchal Pétain sur lequel s’appuyer.

La situation va pourtant changer radicalement dès la fin de 1942, avec le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942), la défaite des armées allemandes à Stalingrad puis Koursk (2 février et 16 juillet 1943), puis les nouveaux débarquements anglo-américains en Sicile (9 juin) et bientôt en Italie (3 septembre).

Pour les Français "ordinaires", et quels que soient les efforts des propagandistes de Berlin et de Vichy pour minimiser la portée de ces événements, il est désormais clair que le Reich a son avenir derrière lui, et que même les jours du maréchal sont comptés.

Alors, quand les légionnaires de la LVF se retrouvent en permission à Paris, l’hostilité à leur égard, jusque-là dissimulée, se fait plus visible.

Le 27 août 1943, le deuxième anniversaire de la prise d’armes donne même lieu à des échauffourées violentes - et il y en aura d'autres - entre légionnaires d’un côté, gardiens de la paix ou simples badauds de l’autre.

Usés par des mois de cache-cache à l’Est contre d’insaisissables partisans soviétiques, et de plus en plus conscients d’appartenir au camp des futurs perdants, les légionnaires, dont beaucoup sont de fervents patriotes, sincèrement convaincus de se battre pour l’Honneur et les intérêts de la France, les légionnaires, donc, se sentent abandonnés par leurs compatriotes, et lâchés par les politiciens qui les ont pourtant incités à se lancer dans cette aventure.

Leur patrie devenue étrangère, ils s'en retournent alors à l'Est, pour continuer à s'y battre à leur manière, c.-à-d. avec bien moins de méthode que de brutalité. Pour ces hommes bientôt "perdus", le débarquement allié (6 juin 1944) marque cependant la fin des dernières illusions.

Certains légionnaires souhaiteraient néanmoins se lancer aux côtés de l’Allemagne sur les plages normandes, mais les Allemands refusent. La LVF restera donc à l’Est jusqu’au bout, et pour y affronter l’Opération Bagration, gigantesque offensive soviétique qui, du 22 juin au 19 août ramène quasiment la Wehrmacht sur ses positions de 1940.

Réduite à presque rien, la LVF doit à présent faire face à sa propre dissolution, ou plutôt à sa future intégration dans la Waffen-SS

1 commentaire:

Barner a dit...

Meilleurs voeux pour 2010, en espérant continuer à vous lire chaque matin, avec mon café, pour bien commencer la journée...