jeudi 24 décembre 2009

2482 - Maréchal, nous voilà !

... Philippe Pétain a beau être somnolant, prendre ses ordres à Berlin, régner sur du vide et ne pas décider grand-chose, il n'en reste pas moins - et de très loin - le Français le plus populaire en cet hiver 1940-1941 où l'on manque déjà de tout.

Sa prétendue "Révolution Nationale" a beau n'être qu'un vaste fourre-tout de vieux clichés réactionnaires dépourvus de toute originalité, elle n'en demeure pas moins le seul espoir auquel les Français peuvent encore raisonnablement s'accrocher tout en y trouvant même une explication simple et lumineuse de la défaite de mai-juin 1940, dont les coupables sont évidemment les Juifs, les communistes et les francs-maçons, bref tous les membres et supporters de cette"Anti-France" dont Pétain constitue évidemment à la fois le remède et la rédemption.

Les Allemands ont beau occuper la moitié du pays et parader en grand uniforme sur les Champs-Élysées, la politique de Collaboration incarnée par le vieux maréchal semble la seule voie possible puisqu'il n'y a plus rien à attendre des Anglais, surtout depuis que ces derniers ont osé ouvrir le feu, le 3 juillet 1940, sur les navires français ancrés à Mers El-Kébir (Algérie) conformément aux conventions d'Armistice signées avec l'Allemagne.

"Une défaite suffit !", s'est contenté de dire Pétain à Laval et Darlan accourus pour lui demander de déclarer la guerre à l'Angleterre, ce qui aurait assurément ravi l'Allemagne mais désespérés les Français qui ne songent plus - au propre et au figuré - qu'à cultiver leur propre jardin en oubliant tout le reste.

Et de fait, les Français sont reconnaissants à Pétain de leur avoir épargné cette nouvelle aventure, tout comme ils lui seront reconnaissants, dans quelques mois, de se limiter à rompre les relations diplomatiques avec Moscou plutôt que de déclarer la guerre à l'URSS, mais n'anticipons pas.

Cette recherche du moindre mal et du compromis avec l'Occupant allemand est naturellement vivement dénoncée à Londres, où les opposants à Vichy et à l'Allemagne ont commencé à se rassembler autour du général De Gaulle.

Mais elle aussi dénoncée par les Collaborationnistes, c-à-d par les tenants d'un alignement, voire d'une fusion, de la France avec l'Allemagne nazie, et qui ne se satisfont pas du vague "partenariat" discuté lors de la rencontre de Pétain et d'Hitler à Montoire, le 24 octobre.

Pour autant, ni les partisans de la "France libre" ni ceux d'une "France allemande" ne peuvent grand-chose contre la légitimité du gouvernement de Vichy et la popularité de Pétain,... surtout depuis que ce dernier a eu la bonne idée de se débarrasser - provisoirement - du détesté Pierre Laval, en le limogeant le 13 décembre.

Les événements du printemps vont cependant bientôt changer la donne...

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