
... Philippe Pétain a beau être somnolant, prendre ses ordres à Berlin, régner sur du vide et ne pas décider grand-chose, il n'en reste pas moins - et de très loin - le Français le plus populaire en cet hiver 1940-1941 où l'on manque déjà de tout.
Sa prétendue "Révolution Nationale" a beau n'être qu'un vaste fourre-tout de vieux clichés réactionnaires dépourvus de toute originalité, elle n'en demeure pas moins le seul espoir auquel les Français peuvent encore raisonnablement s'accrocher tout en y trouvant même une explication simple et lumineuse de la défaite de mai-juin 1940, dont les coupables sont évidemment les Juifs, les communistes et les francs-maçons, bref tous les membres et supporters de cette"Anti-France" dont Pétain constitue évidemment à la fois le remède et la rédemption.

"Une défaite suffit !", s'est contenté de dire Pétain à Laval et Darlan accourus pour lui demander de déclarer la guerre à l'Angleterre, ce qui aurait assurément ravi l'Allemagne mais désespérés les Français qui ne songent plus - au propre et au figuré - qu'à cultiver leur propre jardin en oubliant tout le reste.

Cette recherche du moindre mal et du compromis avec l'Occupant allemand est naturellement vivement dénoncée à Londres, où les opposants à Vichy et à l'Allemagne ont commencé à se rassembler autour du général De Gaulle.

Pour autant, ni les partisans de la "France libre" ni ceux d'une "France allemande" ne peuvent grand-chose contre la légitimité du gouvernement de Vichy et la popularité de Pétain,... surtout depuis que ce dernier a eu la bonne idée de se débarrasser - provisoirement - du détesté Pierre Laval, en le limogeant le 13 décembre.
Les événements du printemps vont cependant bientôt changer la donne...
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