mercredi 23 décembre 2009

2481 - la Révolution Nationale

... Paris, juillet 1940

Alors que l'armée allemande parade sur les Champs Élysées, chacun se demande comment la France, qui avait résisté pendant quatre ans lors de la Première Guerre, a pu être vaincue en seulement six semaines, puis contrainte à un armistice humiliant (22 juin), qui a coupé le pays en deux avec, au Nord, une zone occupée et dirigée par les Allemands, et, au Sud, une zone dite "libre" mais démilitarisée de facto et administrée par un gouvernement techniquement "français" mais dont chacun sait qu'il prend en vérité ses ordres à Berlin.

Puisque les Allemands occupent Paris, ce gouvernement-croupion a donc été contraint de déménager ses pénates à Vichy, paisible ville thermale offrant non seulement l'avantage d'être située en zone "libre", mais aussi de disposer d'un grand nombre d'hôtels, qui ont tous été réquisitionnés pour abriter les ministres et fonctionnaires du nouveau gouvernement dirigé par le Maréchal Philippe Pétain, à qui l'Assemblée Nationale a octroyé les pleins pouvoirs (10 juillet) suite aux pressions exercées par Pierre Laval, vice-Président du Conseil et grand favori des Allemands.

La Paix est revenue mais les Français n'en ont pourtant pas fini avec les traumatismes de la guerre, que ce soit par l'étendue des dommages et des destructions, par le pillage économique que le Reich a commencé à mettre en place, par la présence des réfugiés ou,... l'absence de centaines de milliers de soldats à présent prisonniers en Allemagne

Si quelques rares Français ont décidé de poursuivre la lutte armée aux côtés des Britanniques et d'un certain général de Gaulle, l'écrasante majorité de la population a quant à elle préféré se rallier au concept bien plus pacifique de "Révolution Nationale" incarnée, quoi que de manière plutôt paradoxale, par Philippe Pétain, un ultra-conservateur de 84 ans dont les mauvaises langues affirment qu'il passe en fait plus de temps à dormir dans son luxueux bureaux de l'Hôtel du Parc qu'à "remettre la France au Travail".

Considéré du point de vue allemand, Pétain, somnolant ou non, a au moins le double avantage de ne pas poser de problèmes, et aussi de rallier (presque) tous les Français derrière lui, tout en les engageant, sans qu'ils s'en rendent compte, dans la voie d'une Collaboration de plus en plus intime avec le Reich dont lui-même espère, non sans naïveté, qu'elle finira à terme par rendre à la France la place européenne qu'elle mérite.

Cette Collaboration "feutrée" ne fait cependant pas les affaires de la droite ultra, pour sa part convaincue que seul l'engagement total et sans réserve de la France aux côtés de l'Allemagne pourrait restaurer la grandeur de celle-ci et s'attirer la sympathie des Allemands.

Ceux-là n'attendent en fait qu'une occasion favorable pour donner de la voix...

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