samedi 28 novembre 2009

2456 - le Petit Poucet finlandais

... Avec les volontaires finlandais, nous entrons tout droit dans l’absurdité des guerres ou, si l’on préfère, dans le dilemme des choix personnels à l'heure des multiples changements d'alliances

Car après tout, ces Finlandais qui se mirent au service de l’armée allemande le firent non seulement avec l’accord de leur gouvernement, mais aussi avec l’absolue conviction d’être dans leur Droit et d’œuvrer en faveur d’une patrie – la leur – qui après avoir combattu les Russes alliés des Allemands, allait bientôt s’allier aux Allemands afin de combattre les Russes, puis finalement se mettre au service des Russes pour combattre les Allemands !

Pour comprendre le drame de ces soldats perdus, un petit retour en arrière s’impose.

Après s’être partagé la Pologne avec son compère Adolf Hitler en octobre 1939, Joseph Staline s’est rapidement rendu compte que l’URSS, et en particulier la ville de Leningrad, se trouvait dangereusement menacée par une attaque allemande susceptible de déboucher à travers la Finlande, minuscule pays de moins de 4 millions d’habitants avec lesquels les Russes entretenaient depuis des années des rapports pour le moins tendus.

Pour s’en protéger, le Petit Père des Peuples a donc exigé une rectification des frontières, refusée par les Finlandais, ce qui a entraîné une violente attaque de l’Armée rouge, le 30 novembre 1939.

Face à l’Ogre russe, son million de fantassins et ses milliers de tanks et d’avions, le Petit Poucet finlandais n’aligne que 250 000 hommes et pratiquement aucun tank ni aucun avion. Pourtant, contre toute attente, il va résister pendant quatre mois.

Souvent dopés à l'alcool, les Finlandais, aidés par leurs forêts, leurs lacs,… et des températures qui descendent sous les -40 degrés, combattent avec une ténacité quasi-suicidaire et infligent de lourdes pertes à une Armée rouge qui, bien que luttant à quatre contre un, va perdre plus de 100 000 hommes, soit six à sept fois plus que son adversaire.

Comme on ne peut rien contre l’arithmétique, ce sont néanmoins les Finlandais qui, le 13 mars 1940, finissent par signer une paix humiliante, laquelle leur coûte notamment la Carélie et la région de Salla, soit prés de 10 % de leur territoire national.

Avides de revanche, les Finlandais se retrouvent tout naturellement dans le camp allemand en juin 1941, peu après le déclenchement de l’Opération Barbarossa contre l’Union soviétique. Et c’est dans ce camp, et la région de Leningrad, qu’ils vont batailler pendant les trois années suivantes.

Pour les Finlandais, il n’est cependant nullement question d’une guerre idéologique contre un quelconque "judeo-bolchevisme", mais bien d’une guerre dite "de continuation", qui vise tout bonnement à reprendre ce qui a été perdu… tout en l’augmentant quelque peu au passage.

Mais en septembre 1944, devant le tour très défavorable pris par les événements, les Finlandais n’ont d’autre choix que de signer une paix séparée avec l’URSS. Une paix qui leur coûte non seulement tous les territoires repris depuis 1940, mais aussi la région de Petsamo, et enfin l’obligation, face au refus allemand d’évacuer, d’entrer en guerre contre le Reich, soit contre leur allié d’hier, entretemps devenu leur ennemi…

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