mercredi 11 novembre 2009

2439 - les réticences du Führer

... si la Wehrmacht craint surtout les problèmes linguistiques et culturels que ne manquerait pas de poser la venue de combattants étrangers dans ses rangs, les objections d'Hitler sont d'un tout autre ordre.

C'est d'abord une affaire raciale. Passe encore pour les Danois, les Suédois, les Norvégiens ou les Finlandais, qui sont tous des cousins plus ou moins "germains", et appartiennent donc à la même race supérieure.

A la limite, on peut aussi y inclure les Hollandais, et les Flamands de Belgique.

Mais les Wallons ? les Français ? et bientôt les Ukrainiens, les Russes, et mêmes les Bosniaques ou les Maghrébins ? Que faire de tous ces volontaires non seulement racialement inférieurs mais traînant également une détestable réputation d'indiscipline et de médiocrité au combat ?

"Le soldat anglais et le soldat français sont considérablement plus mauvais que durant la Première Guerre mondiale !" (1), déclare ainsi Hitler le 16 juin 1940.

C'est ensuite une affaire d'orgueil : admettre des combattants étrangers, c'est aussi leur accorder une partie du prestige et des honneurs que provoquera la Chute de Moscou et du bolchevisme. A quoi bon partager quand est convaincu de mériter le gâteau à soi tout seul, et certain de pouvoir s'en emparer sans l'aide de personne ?

C'est enfin une affaire de prudence : bon nombre de ces volontaires étant issus de pays envahis et occupés par l'Allemagne, leur fournir des armes et un entraînement militaire représente un risque pour l'après-guerre : qui dit que ces Français, ces Ukrainiens, ces Norvégiens ne retourneront pas un jour leurs armes contre le Reich ?

Au début de juillet 1941, le Führer, cédant aux arguments des diplomates, finit néanmoins par autoriser la création d'unités de volontaires étrangers, mais moyennant trois conditions qui resteront grosso-modo d'application jusqu'en 1945.

Primo, le nombre d'étrangers au sein de la Wehrmacht et de la Waffen-SS devra demeurer symbolique et dans tous les cas très inférieur à celui des Allemands "de souche". Deuxio, les unités qui accueilleront les volontaires étrangers demeureront placées sous commandement allemand. Tertio, ces volontaires eux-mêmes devront revêtir un uniforme allemand, et prêter un serment personnel d'allégeance au Führer, au même titre que n'importe quel soldat allemand (2)

(1) Pierre Giolitto, Volontaires français sous l'uniforme allemand, page 19
(2) Après la mort du Président Hindenburg, en août 1934, le traditionnel serment d'allégeance de l'Armée à la Nation fut abrogé et remplacé par un serment de fidélité à la personne-même du Führer.

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