mercredi 4 novembre 2009

2432 - Collaborateurs et Collaborationnistes

... impossible de parler des soldats perdus sans évoquer, ne serait-ce que brièvement, la problématique de la Collaboration dans son ensemble.

De fait, les Français, Belges, Hollandais, Danois, Norvégiens,… qui choisirent de s’enrôler sous l’uniforme du Troisième Reich – y compris dans les dernières heures de celui-ci ! – étaient issus de pays non seulement envahis puis occupés par la Wehrmacht et la Waffen-SS, mais aussi de pays dans lesquels l’idéologie nazie avait de nombreux partisans, et où le Reich fut toujours en mesure de trouver des politiciens - comme Pierre Laval - pour appuyer ses décisions, des juges, des policiers et des fonctionnaires – comme Maurice Papon - pour les appliquer, et des intellectuels ou des journalistes – comme Robert Brasillach - pour en chanter les louanges.

Devenue politique sinon légitime du moins officielle dans les pays conquis, la Collaboration avec l’Occupant suscita naturellement bon nombre de vocations, dont certaines se retrouvèrent ensuite sous les drapeaux.

Mais au fond, de quelle "Collaboration" parle-t-on ? Entre un Pierre Laval qui se donna corps et âme à l’Allemagne et dicta sa politique à tout un gouvernement, et un simple policer parisien à qui l'on ordonna d'arrêter les Juifs comme on lui avait jusque-là ordonné d'arrêter les voleurs à la tire, la différence est aussi grande qu’entre le SS-Obersturmbannführer Léon Degrelle et l’obscur milicien-par-accident que Louis Malle mit en vedette dans son film "Lacombe Lucien".

Certains, donc, s’engagèrent dans la Collaboration par conviction profonde, d’autres par simple opportunisme, d’autres enfin par accident ou même contre leur gré. Certains, , c.-à-d. la majorité, s’accommodèrent des fonctionnaires et des soldats allemands comme ils se seraient accommodés des fonctionnaires et soldats de n’importe quel régime - en ce compris du leur - dans l’avant-guerre. D’autres, beaucoup moins nombreux, s’identifièrent en revanche à ce point à l’Allemagne et aux intérêts allemands qu’ils souhaitèrent la victoire du Reich et firent tout pour l’obtenir.

Pour s'y retrouver un peu, on se mit alors à parler, dès la fin de 1940, de "Collaborateurs" et de "Collaborationnistes", une distinction en grande partie artificielle, et aux frontières par ailleurs extrêmement poreuses, mais qui eut moins le mérite de tracer une ligne de démarcation entre ceux qui s’accommodaient – et parfois fort bien ! – de la présence allemande sur leur sol, et ceux qui partageaient réellement l’idéologie et les objectifs du Troisième Reich au point, parfois, de regretter de ne pas être né Allemand et nazi.

Cette distinction entre une "Collaboration" de circonstance et un "Collaborationnisme" pur et dur se retrouva naturellement chez les soldats perdus, dont certains allaient prendre l’uniforme allemand simplement pour échapper au chômage, et d’autres dans l’espoir de casser du Juif et du Bolchevique…

Aucun commentaire: