jeudi 5 novembre 2009

2433 - alliés, neutres, ou occupés

... les étrangers qui prirent les armes en faveur des Allemands provenaient de trois horizons en principe bien distincts : les pays alliés de l'Allemagne (comme l'Italie ou la Roumanie), les pays neutres (comme la Suède et, dans une certaine mesure, l'Espagne), et les pays envahis et occupés par l'Allemagne (comme la Belgique, la France, l'Ukraine ou encore une partie de la Russie).

Difficile, du moins a priori, de comparer les Italiens qui guerroyaient en URSS aux côtés de la Wehrmacht, mais dans leur tenue et leur armée nationales, avec les Belges qui combattaient au même endroit, mais à titre individuel, avec des uniformes et au sein de régiments allemands, ou encore de comparer les Roumains contraints par leur gouvernement de partir à la guerre, avec les Hollandais engagés volontaires dans la SS malgré les objurgations de leur propre gouvernement en exil.

C'est cependant oublier un peu vite que la guerre est d'abord et avant tout une situation d'anomie, c-à-d d'absence de règles, et qu'une guerre aussi longue et aussi totale que la 2éme G.M. ne pouvait générer qu'un immense chaos moral, politique et juridique accompagné d'un nombre incalculable d'imbroglios pratiques, où le combattant individuel avait bien de la peine à se retrouver, et toutes les chances de se perdre.

En 1940, les conscrits italiens obéissaient ainsi à un Roi - Victor-Emmanuel III - et à un chef de gouvernement - Benito Mussolini - qui leur ordonnaient tous deux de monter dans le même train que les Allemands. Trois ans plus tard, le Roi exhortait ces mêmes conscrits à monter dans le camion anglo-américain pour combattre les Allemands, tandis que le chef de gouvernement, déchu mais bien vite remonté en selle, les menaçait de mort s'ils ne réintégraient pas le wagon allemand afin de s'opposer aux Anglo-Américains.

De juin 1941 à août 1944, les pilotes roumains combattaient les pilotes russes dans des avions allemands. Mais d'août 1944 à la fin de la guerre, ceux d'entre eux qui n'avaient pas encore été jetés en prison se mirent à combattre les pilotes allemands avec des avions... allemands.

En 1939, les officiers français avaient obéi à un gouvernement légitime, qui leur ordonnait de lutter contre les Allemands. En 1940, ils obéissaient à un autre gouvernement tout aussi légitime qui leur ordonnait de ne plus s'opposer à ces mêmes Allemands,... mais ils se surprenaient, de temps à autres, à écouter les appels d'un général en exil (et à la légitimité plus que discutable), lequel réclamait d'eux qu'ils reprennent les armes contre l'Allemagne.

En 1940, le Français qui quittait son pays pour rallier le général de Gaulle et l'Angleterre encourait la peine de mort sur son sol natal parce que traître à sa patrie et au maréchal Pétain. En 1945, de retour en France, ce même Français était devenu un héros national, dont on exigeait qu'il traque sans merci le Maréchal Pétain et tous les traîtres qui lui étaient restés fidèles

Étonnez-vous après cela que quelques-uns se soient perdus en route...

Aucun commentaire: