lundi 2 novembre 2009

2430- un nouveau Stalingrad ?

... il y a un avant et un après Koursk, comme il y avait déjà eu un avant et un après Stalingrad.

Si Koursk n'eut pas le dixième de la renommée de Stalingrad, sa signification réelle fut pourtant bien plus profonde et bien plus révélatrice des forces en présence ainsi que de l'issue de la guerre.

De Stalingrad, on pouvait toujours dire qu'elle était d'abord et avant tout la victoire du nombre et de l'hiver sur une armée allemande affamée, épuisée, acculée dans une ville en ruines, rendue incapable de manœuvrer, et commandée par un homme - Friedrich Paulus - qui, et c'est le moins qu'on puisse en dire, était loin de faire l'unanimité parmi les siens.

A Koursk, en revanche, cette même armée allemande combattait au beau milieu de l'été, faisait librement évoluer ses Panzers sur une plaine pour ainsi dire privée de tout obstacle naturel, et était commandée par un homme - Erich von Manstein - loué par tous pour son talent et ses compétences militaires.

A Stalingrad, le commandement soviétique s'était bien davantage distingué par ses pelotons d'exécution et son incroyable brutalité que par son imagination ou ses qualités tactiques, envoyant à l'abattoir divisions après divisions, jusqu'à ce que les Allemands eux-mêmes finissent par demander grâce.

A Koursk, en revanche, ce même commandement soviétique avait enfin appris à manœuvrer ses tanks et ses fantassins, et à les employer de manière plus efficace et (un peu) moins meurtrière.

A Stalingrad, la VIème Armée allemande avait été contrainte à la capitulation, et ses survivants déjà à demi-morts envoyés périr pour de bon dans des camps sibériens, non sans être passés au préalable devant les objectifs des photographes.

A Koursk, en revanche, les armées de Model et de Manstein furent en mesure de retraiter en bon ordre, et d'échapper ainsi à la captivité.

A Stalingrad, les combats durèrent près de 6 mois, alors qu'à Koursk ils n'excédèrent pas deux semaines.

Dans sa durée, son déroulement, ou ses résultats, Koursk ne fut donc pas un "second Stalingrad" mais bien la première véritable démonstration par l'Armée rouge qu'elle était désormais capable de battre la Wehrmacht à la régulière, en tout temps, et y compris en plein été.

Pour la Wehrmacht, pour Hitler, pour le peuple allemand, Stalingrad avait laissé planer un doute sur l'issue de la guerre. Pour l'Armée rouge, pour Staline, pour le peuple soviétique, Koursk apporta une certitude...

1 commentaire:

Guillaume a dit...

A tel point que les demandes d'ouverture d'un Second Front sur le sol Européen par Staline auprès de ses alliés de l'Ouest se firent beaucoup moins pressentes à partir de l'été 1943.

Staline comprit qu'il pouvait "seul" remporter la victoire sur son adversaire et qu'il avait tout intérêt à y arriver seul, justement.

Pour les Allemands, le centre de gravité du conflit passa de l'Est à l'Ouest, où le pat était indispensable afin de reprendre la lutte contre les Soviétiques, c'est-à-dire stopper leur avance.