vendredi 11 septembre 2009

2378 - même motif, même punition

… en Afghanistan, de 1979 à 1989, l’Armée rouge va se trouver elle aussi confrontée à une situation fort semblable à celle vécue par l’Armée américaine au Vietnam

Comme les Viêt-Cong, les résistants afghans sont en effet déterminés à verser le prix du sang pour libérer leur pays et, comme les Viêt-Cong, ils disposent de l’avantage du terrain, en l’occurrence un véritable enfer de montagnes et de vallées caillouteuses qui se prêtent fort mal à l’usage de blindés, et encore plus mal aux évolutions de chasseurs-bombardiers supersoniques.

Comme les Viêt-Cong, les résistants afghans bénéficient également du soutien et de l’assistance d’un pays voisin –en l’occurrence le Pakistan – que l’Armée rouge ne peut bombarder alors même qu’il permet aux moudjahidines afghans de se réfugier sur son territoire, de s’y reposer, et de s’y ravitailler en armes et munitions.

Dans le contexte afghan, l’Armée rouge, elle aussi conçue et dimensionnée pour affronter une guerre conventionnelle, n’est pas plus à l’aise que l’Armée américaine au Vietnam. Elle a beau, elle aussi, ensevelir des villages entiers sous le napalm ou les bombes à fragmentation, et tuer bien plus d’Afghans (un million, dont 80 % de civils) qu’elle ne perd elle-même de soldats (environ 14 000), cela ne suffit pas pour emporter la décision,… et d’autant moins qu’au fil des années, son adversaire va progressivement se doter d’un matériel moderne (roquettes antichars, missiles antiaériens portatifs,…) gentiment fourni par les puissances occidentales et généreusement payé par les pétromonarchies arabes.

Après 10 ans de combats, l’Afghanistan est devenu un véritable parc à ferrailles russe, où s’entassent pêle-mêle les épaves calcinées et tordues de milliers de camions, de mille cinq-cents blindés et de près d’un millier d’avions et d’hélicoptères frappés de l’étoile rouge.

En 1988, Mikhaïl Gorbatchev décide, tout comme Nixon 15 ans plus tôt, de solder les comptes d’une aventure qui a déjà coûté entre 20 et 30 milliards de dollars à Moscou. Profitant d’une trêve signée avec un des chefs de la résistance afghane – le célèbre Ahmad Shah Massoud – les Soviétiques quittent l’Afghanistan en février 1989, laissant à leur allié - Mohammed Nadjibullah – le soin d’en découdre avec la résistance, un peu comme les Américains l’avaient fait au Vietnam, en 1973.

Las !, le régime pro-communiste de Kaboul , jusque-là tenu à bout de rotors par les hélicoptères de combat de l’Armée rouge, va lui aussi s’avérer incapable de contenir les assauts de la résistance. En avril 1992, 17 ans après l'éviction de Nguyen Van Thieu à Saïgon, Nadjibullah est à son tour renversé et assigné à résidence à Kaboul.

Mais contrairement aux Vietnamiens, les Afghans s’avèrent incapables de s’entendre entre eux. En 1996, alors que la guerre civile fait rage dans le pays entre factions rivales, un commando taliban s’empare de Nadjibullah, l’émascule vivant et le traîne dans les rues de Kaboul avant de le pendre à un poteau de signalisation.

Comme l’USAF l’avait fait en 1975 à la chute de Saïgon, chasseurs-bombardiers et hélicoptères russes restent sur le tarmac : pour Moscou aussi, la page est tournée…

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