... à lui seul, l’exemple vietnamien illustre l’incroyable paradoxe de l’armement contemporain, si performant qu’il en est devenu… virtuellement inutilisable.
Au Vietnam, et même si elle ne représentait qu’une fraction infime de l’arsenal disponible, la puissance de feu américaine était sans équivalente dans l’Histoire, mais son usage, venant d’un pays censé incarner le Bien et la Démocratie, et opposé à une dictature du Tiers-Monde, soulevait de telles objections morales qu’elle symbolisa rapidement l’injustice et la démesure, le marteau-pilon constamment à la recherche d’une mouche à écraser ce qui, en s’en doute, permettait à la mouche nord-vietnamienne de s’attirer la sympathie du monde entier au détriment du géant américain.
Au Vietnam, et même si elle ne représentait qu’une fraction infime de l’arsenal disponible, la puissance de feu américaine était sans équivalente dans l’Histoire, mais son usage, venant d’un pays censé incarner le Bien et la Démocratie, et opposé à une dictature du Tiers-Monde, soulevait de telles objections morales qu’elle symbolisa rapidement l’injustice et la démesure, le marteau-pilon constamment à la recherche d’une mouche à écraser ce qui, en s’en doute, permettait à la mouche nord-vietnamienne de s’attirer la sympathie du monde entier au détriment du géant américain.
La volonté constante de minimiser les pertes sur le terrain – on parle évidemment des pertes américaines – imposait en effet le recours massif à une aviation de bombardement, avant tout conçue pour affronter un ennemi classique dans le cadre d’une guerre conventionnelle.
Naturellement imprécise, et par ailleurs sévèrement limitée dans ses missions et ses moyens, celle-ci n’en tenta pas moins l’impossible pour s’acquitter de sa mission, et y laissa plus d’un millier d’appareils - le plus souvent sur pannes ou accidents.
Portant pour ainsi dire la guerre à bout d’ailes, les aviateurs américains ne furent jamais en mesure d’emporter la décision, mais seulement d’empêcher l’effondrement complet du Front. Après leur départ, en 1973, la République du Sud-Vietnam, celle-là même pour laquelle ils avaient combattu, s’écroula donc en moins de deux ans.
Au strict ratio des pertes, le "tout aérien" fut assurément payant avec, d’un côté, une soixantaine de milliers de soldats américains tués en une décennie et, de l’autre, entre un million et un million cinq cents mille nord-vietnamiens et viêt-congs. Mais si on ne gagne pas une guerre en mourant héroïquement pour son pays, il ne suffit pas non plus de tuer de nombreux ennemis pour être sûr de remporter la victoire.
Hanoï ne poursuivait qu’un seul objectif : gagner la guerre, ce qui, en pratique, signifiait réunifier le pays tout entier sous la férule et la seule bannière du parti communiste. Pour l’emporter, le régime bénéficiait, en tant que dictature totalitaire, du considérable avantage d’être en mesure d’imposer tous les sacrifices à sa population.
Washington, en revanche, n’était même pas capable de définir clairement les objectifs du conflit ni, a fortiori, d’en expliquer les raisons à une opinion publique américaine vite traumatisée par les images de GI’s rapatriés au pays dans des sacs en plastique,… et par celles de civils vietnamiens écrasés sous les bombes ou brûlés par le napalm.
Ironiquement, la toute-puissance américaine fut la principale cause de son échec...
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