vendredi 31 juillet 2009

2336 - sans issue

... en 1942, l’Angleterre avait eu le choix entre bombarder les villes de nuit en renonçant à toute idée de précision,… ou envoyer tous ses bombardiers à la ferraille. Sans surprise, elle avait choisi de bombarder les villes de nuit.

A la fin de 1944, l'Allemagne se retrouve confrontée à un choix comparable. Le 2 novembre, un millier de bombardiers américains, escortés par plus de huit cents chasseurs, pilonnent une nouvelle fois la raffinerie de Leuna, vitale pour l'effort de guerre allemand. En tentant de les intercepter, la Luftwaffe perd 120 avions pour un maigre bilan de 40 bombardiers et 16 chasseurs américains abattus. A la fin du mois, le bilan atteint 350 pilotes tués, blessés ou portés disparus.

"Le mois de novembre 1944 a été le pire de toute la guerre", résume un pilote allemand. "Les pertes ont été de 20 contre 1, et parfois de 30 contre 1 en notre défaveur. Chaque jour, nous supportions des pertes. Les pilotes de renfort étaient mal formés et d'une bien piètre qualité, et les pénuries de carburant se faisaient de plus en plus sentir" (1)

Aussi incroyable cela puisse-t-il paraître, ce ne sont donc pas les bombes des appareils alliés qui, en s’abattant sur les usines, minent les capacités de la Luftwaffe, mais bien l’obligation, pour cette même Luftwaffe, de ne plus fabriquer que des chasseurs au détriment de tout appareil de bombardement, et ce afin d’affronter dans le ciel, avec des pertes de plus en plus lourdes, les meutes de chasseurs alliés qui accompagnent leurs bombardiers, quasiment réduits au rôle de simples appâts.

Si les bombardiers alliés ne servent qu’à épuiser la chasse allemande dans le ciel, et à lui faire consommer des pilotes et une essence de plus en plus rares, à quoi bon s’inquiéter de la précision des bombardements ? Mais si les chasseurs allemands ne servent en définitive que de pigeons d’argile pour l’entraînement des pilotes alliés, à quoi bon continuer à mettre tout en œuvre pour les produire en masse ?

Début novembre, Hitler lui-même dresse le bilan : "J'ai engagé 260 chasseurs et ai obtenu 20 victoires", Si j'en déploie 2 000, je n'aurais que 200 victoires. Ce qui signifie que je ne puis en aucune manière compter sur ces machines, même si elles sortent d'usine à un rythme infernal. Elles ne font que dévorer de la main d'œuvre et des matériaux"

L’Allemagne, de fait, n’a maintenant plus d’autre choix que de continuer à produire des chasseurs de moins en moins efficaces contre les bombardiers,… ou de tous les envoyer à la ferraille, en renonçant à défendre villes et usines.

Sans surprise, elle va choisir de continuer la lutte et la production de chasseurs.

En vain, bien entendu…

1) Fana de l'Aviation, HS 28, page 76

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