samedi 1 août 2009

2337 - sur la route d'Alamagordo

... dans le Pacifique, les Japonais sont naturellement confrontés aux mêmes problèmes que leurs alliés allemands mais ne disposent hélas pas d’appareils aussi performants qu’eux alors qu’ils doivent pourtant – avec les Boeing B29 – affronter des bombardiers à la fois plus puissants et bien plus rapides que les B17 et B24 que combattent les Allemands.

Lorsqu’on y ajoute une pénurie d’essence encore plus dramatique qu’en Allemagne, l’absence de réseau radar, et une défense antiaérienne qui, à la différence de l’Allemagne, ne brille que par son inefficacité, on comprend que tous les ingrédients sont réunis pour transformer chaque bombardement américain en promenade de santé.

Et de fait, beaucoup de pilotes japonais, désespérés, précipitent leur appareil sur les B29 américains, cherchant à réaliser dans un abordage suicidaire ce qu’ils ne peuvent obtenir par des moyens de lutte conventionnels.

Un comportement absurde pour les Américains mais qui, logique de l’action-réaction oblige, ne fait que renforcer ces derniers dans leur conviction qu’il faut en finir par tous les moyens possibles avec ces petits hommes jaunes qui préfèrent le suicide à la reddition.

Au printemps 1945, l'État-major du général McArthur planche sur les plans de l'opération "Olympic" - le débarquement sur l'île de Kyushu, la plus petite des deux îles de l'archipel japonais – qui, prévu pour le début du mois de novembre 1945, doit mobiliser près de 650 000 hommes, et précéder de quelques mois le débarquement sur l'île principale de Honshu (opération "Coronet") en mars 1946.

Les japonais, qui n'ignorent rien des intentions américaines, ont massé 14 divisions au Kyushu, 38 au Honshu et Shikoku, 5 à Hokkaido. 28 millions de civils ont été embrigadés à la hâte dans des milices populaires, calquées sur le modèle de la Volksturm allemande.

L’Aviation japonaise dispose encore de plus de 10 000 appareils – trois fois plus qu'au commencement de la guerre - et si l'essence est sévèrement rationnée, et l'entraînement au pilotage réduit au strict minimum, ce ne sont pas les volontaires fanatisés qui manquent pour se précipiter à plus de 600kms/h sur les navires américains : entre le 20 mars et le 13 août 1945, ceux-ci vont coûter aux alliés 9 destroyers, 6 transports et 5 plus petits navires coulés, 10 cuirassés, 16 porte-avions, 4 croiseurs, 81 destroyers, 44 transports et 62 plus petits bâtiments endommagés.

A Guadalcanal, Tarawa, Saipan, ou Iwo-Jima, les contre-attaques suicides des Japonais ont déjà coûté la vie à des milliers de soldats américains. A Okinawa, en avril, les Américains enterrent 12 000 des leurs. C'est trop, beaucoup trop pour une opinion publique qui veut en finir avec cette guerre et exige que ses fils et époux, victorieux en Europe, reviennent directement au pays plutôt que de repartir dans le Pacifique où l'État-major de McArthur, se fondant sur les résultats des débarquements précédents, évalue à 600 000 les pertes nécessaires pour s'emparer du Japon.

A l'évidence, il faut trouver autre chose. Un autre chose qui se prépare depuis des années, dans un recoin perdu du Nouveau Mexique.

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