... si les Allemands - recherche de "l'arme miracle" oblige - sont les champions uber alles des rendements décroissants, en particulier dans le domaine des tanks, il serait néanmoins injuste de ne pas reconnaître à leur juste valeur les efforts méritoires des milliers d'ingénieurs, techniciens, dessinateurs et ouvriers qui, en URSS, en Grande-Bretagne, aux USA ou au Japon, travaillent jour et nuit à concevoir eux aussi des monstres mécaniques à l'utilité tout aussi discutable.
De ceux-là, le KV-2 russe est encore le plus "raisonnable". Si le poids et la piètre maniabilité du KV-1 constituent déjà de gros handicaps en terrain accidenté ou dans les forêts finlandaises, cela ne dissuade pourtant pas les Russes de tester une version encore plus massive - le KV-2 - qui, en soi, n'est rien d'autre qu'un KV-1 dont la tourelle équipée d'un canon de 76mm a été remplacée par une énorme boîte rectangulaire abritant un gros obusier de 152mm, destiné non pas au combat contre chars ou à l'accompagnement de l'infanterie, mais bien à l'écrasement des positions défensives.
Le problème, c'est qu'ainsi gréé, l'engin est 10 tonnes plus lourd (55 tonnes au total), alors que sa tourelle, qui culmine désormais à 3,3 mètres de hauteur et ne peut pivoter que sur sol plat (!), attire le feu de l'artillerie ennemie aussi sûrement qu'un aimant, en sorte que la production cesse à la fin de 1941, après moins d'un millier d'exemplaires qui n’ont certes pas apporté grand-chose à l’effort de guerre soviétique mais ont au moins eu le mérite de ne pas coûter très cher...
Un millier d'exemplaires, constituerait un véritable rêve pour le "Tortoise" britannique, conçu à la fin de 1943 en prévision des futures attaques sur la Ligne Siegfried. Avec son canon de 32 pounder (94mm) et un blindage de 23 cm à l'avant, ce monstre peut sans doute résister à la plupart des canons allemands de l'époque.
Mais à 80 tonnes sur la balance, son poids le condamne à se traîner à moins de 20 kms/h... sur route, et ce malgré tous les efforts déployés par son Rolls-Royce "Meteor", un authentique moteur d'avion, dérivé direct du "Merlin" équipant les "Spitfire".
Mais à 80 tonnes sur la balance, son poids le condamne à se traîner à moins de 20 kms/h... sur route, et ce malgré tous les efforts déployés par son Rolls-Royce "Meteor", un authentique moteur d'avion, dérivé direct du "Merlin" équipant les "Spitfire".
Les problèmes de mise au point, et la priorité accordée à la production de tanks plus modestes, comme les Churchill, vont rapidement se lier pour ne plus faire avancer le projet qu'à une allure de… tortue. Les six prototypes commandés ne seront en effet livrés qu'en 1947, soit bien trop tard pour être simplement utiles à quelque chose.
Même motif et même punition pour le T-28 américain de 95 tonnes. Afin d’accroître la protection sans grever exagérément le poids, ses créateurs ont eux aussi renoncé à une lourde tourelle, et installé le canon de 105mm dans un simple glacis à l'avant. Bien que pénalisante en matière de visée, la suppression de la tourelle permet au moins de réduire considérablement la hauteur et la surface frontale de l'engin, donc sa vulnérabilité aux attaques ennemies. Pour maintenir la pression au sol dans des limites raisonnables, on a aussi imaginé un curieux - et très complexe - système de suspension, avec deux trains de roulement et deux chenilles de chaque côté.
Mais pour animer l'ensemble, on n'a rien trouvé de mieux qu'un pitoyable V8 Ford de 400 CV seulement, lequel condamne la bête à n'avancer qu'à la vitesse maximum véritablement ahurissante de... 15 kms/h (!) tout en siphonnant les 1 500 litres de son réservoir à la cadence moyenne de 10 litres au kilomètre. Débutée au printemps 1945, la construction des deux prototypes est, là encore, loin d'être terminée à la fin de la guerre et s'achève, comme pour le Tortoise, par un envoi presque immédiat au musée
Mais pour animer l'ensemble, on n'a rien trouvé de mieux qu'un pitoyable V8 Ford de 400 CV seulement, lequel condamne la bête à n'avancer qu'à la vitesse maximum véritablement ahurissante de... 15 kms/h (!) tout en siphonnant les 1 500 litres de son réservoir à la cadence moyenne de 10 litres au kilomètre. Débutée au printemps 1945, la construction des deux prototypes est, là encore, loin d'être terminée à la fin de la guerre et s'achève, comme pour le Tortoise, par un envoi presque immédiat au musée
Plus mystérieux, et à vrai dire carrément mythique, le "super-tank" O-I japonais, dont la seule lecture des caractéristiques - 10 mètres de long, 4 mètres de haut, trois ou cinq tourelles, 120 tonnes - donne véritablement le vertige. Ayant réalisé, dès 1939, la totale incapacité de leurs chars légers et autres "tankettes" à affronter les tanks russes lors de l'Incident du Nomonhan (1) les Japonais vont se lancer dans la production d'un tank si gros et si puissant que Russes et Américains ne pourront - du moins l'imaginent-ils - rien lui opposer sur le champ de bataille.
De fait, le O-I est tout simplement la version terrestre du "super-cuirassé" Yamato, c.-à-d. un engin conçu sur des prémisses totalement erronées, et qui ignore tout aussi superbement les réalités de la guerre moderne, en particulier sa composante aérienne. Construit de peine et de misère, un exemplaire du O-I aurait néanmoins été expédié en Mandchourie en 1945, mais aucune preuve formelle n'en a jamais été apportée,… pas plus d'ailleurs que la moindre photo qui accréditerait la réalité d'un pareil monstre...
(1) Saviez-vous que... 852
1 commentaire:
PEtit détails cocasse, le t28 est équipé de deux petites grues, qui permettent de déplacer les trains de roullements extérieux pour les mettre dérrière afin de les tirer et de gagner de la largeur pour passer dans les villes plus étroites.
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