... avant-guerre, l'Armée Rouge n'effraye pas grand-monde, et certainement pas Hitler et l'État-major de la Wehrmacht.
Ses effectifs sont certes pléthoriques, mais c'était déjà le cas lors de la Première Guerre mondiale, où les soldats russes n'ont jamais réussi à prendre l'ascendant sur leurs rivaux allemands, pourtant beaucoup moins nombreux.
L'encadrement soviétique est également très inférieur en qualité et Staline, en expédiant des
milliers d'officiers au goulag ou devant des pelotons d'exécution, n'a certes pas arrangé les choses au cours des grandes "purges" des années 1930.
De fait, lors de la Guerre russo-finlandaise de 1939-1940 (1), les forces soviétiques, qui combattent à quatre contre un, ont frôlé la débâcle, et perdu plus de 100 000 hommes (soit six à sept fois plus que leurs adversaires), pour des gains qui, en plus de trois mois de combats, n'ont pas dépassé quelques dizaines de kilomètres.
Dans le domaine des blindés - le seul qui nous intéresse ici - les réalisations soviétiques n'ont jusqu'ici guère été plus impressionnantes. Le char léger T-26 s'est certes bien comporté lors de la Guerre d'Espagne, mais il ne s'agit en réalité que de la copie russe du Vickers 6-ton britannique de la fin des années 1920. Quant au "super-tank" T-35, il vient de démontrer en Finlande son extrême vulnérabilité aux tirs ennemis, et sa totale incapacité à mener quelque guerre que ce soit.
Encore les Russes eux-mêmes ont-ils préféré oublier l'incroyable véhicule conçu par Nikolai Lebedenko en 1914, et dont la forme et les caractéristiques défiaient à vrai dire toute description.
A la base, l'engin évoquait en effet une sorte de Grand Bi que l'on aurait doté de deux roues avant de 9 mètres de diamètre (!) entraînées chacune par leur propre moteur Maybach de 240 CV, et supportant un châssis couronné de casemates, canons et mitrailleuses.
Avec sa roue arrière - en réalité un rouleau - de "seulement" 1,5 mètre de diamètre, l'engin affichait 18 mètres de long, 12 mètres de haut, 9 mètres de large et un poids de 60 tonnes (!), soit autant de caract éristiques qui en faisaient certes le plus gros tank du Monde mais qui, s'il était entré en service, en auraient également fait une cible rêvée et immanquable, même pour l'artilleur le plus myope.
Baptisé "Netopyr" (du nom d'une chauve-souris), mais rapidement rebaptisé "Tsar tank", dans la plus grande tradition russe consistant à accoler ce qualificatif à toute création nationale aussi inutile que gigantesque, cette chose, manifestement due à des esprits passablement imbibés de vodka, avait brièvement été testée - sans le moindre succès - en 1915 avant d'être ferraillée en 1923...
(1) Saviez-vous que... 1547
3 commentaires:
"manifestement due à des esprits passablement imbibés de vodka,"
ou imprégnés de romans de Jules Verne, l'un n'excluant pas l'autre.
très "steampunk trendy" en tout cas
Cette chose pouvait elle rouler réellement sur un terrain meuble? La pression au sol devait être terrible étant donné l'absence de chenilles.
Ça pouvait rouler sur terrain, disons "raisonnablement dur". Le vrai problème, c'était la mauvaise répartition des masses, avec un centrage trop arrière, qui faisait facilement s'enfoncer le rouleau arrière dans le sol
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