... pour leurs premiers tanks, les ingénieurs français vont quant à eux faire le choix de la simplicité volontaire.
En 1915, Schneider va ainsi se contenter de greffer une boîte blindée sur les tracteurs américains Holt à chenilles qu'elle importait déjà avant la guerre.
L'intention est louable, et à 15 tonnes seulement, l'engin a le mérite d'être bien plus léger, moins coûteux, et plus facile à fabriquer que le Mark IV britannique. Le hic, et il est de taille, c'est que les tracteurs agricoles n'ont jamais été conçus pour sauter des tranchées, ce qui limite singulièrement l'intérêt de la formule. Et comme le blindage, lui aussi vertical et fort mince, ne protège finalement pas de grand-chose, la moitié de 132 exemplaires engagés pour la première fois sur le Chemin des Dames, en Avril 1917, sont rapidement détruits, et un grand nombre gravement endommagés, par l'explosion de leurs propres réservoirs, suite à un tir direct.
Tout aussi calamiteuse est l'aventure du Saint-Chamond, une magnifique faillite bureaucratique où un organisme d'État, en l'occurrence le Service Technique Automobile (STA) va s'entêter à construire et mettre en service un engin si mal né qu'il n'aurait jamais dû dépasser le stade de la planche à dessin.
Comme le Schneider, le Saint-Chamond reprend lui aussi la formule du tracteur agricole chenillé sur lequel on greffe une casemate blindée hérissée d'armements (un canon de 75mm et huit mitrailleuses)
Si le blindage est en progrès par rapport au Schneider, et le poids, à vingt-deux tonnes, dans les normes de l'époque et les limites d'un moteur de 90 CV seulement, le problème - majeur - réside hélas dans les gigantesques porte-à-faux à l'avant et à l'arrière des chenilles : au moindre obstacle, à la moindre tranchée, le nez de l'engin, prolongé du fort long canon de 75mm implanté là telle une corne de rhinocéros, se fiche en effet dans la terre, immobilisant irrémédiablement le véhicule.
Ainsi, sur les seize machines engagées pour la première fois le 5 mai 1917, toutes sauf une se retrouvent bloquées dans les tranchées, d'où elles ne peuvent s'extraire, ce qui, la bureaucratie ayant ses droits et détestant se contredire, n'empêchera pas la production de se poursuivre jusqu'en mars 1918...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire