
... avec sa masse et ses dimensions extravagantes, la nouvelle création de Krupp ne peut évidemment voyager que par chemin de fer, et en pièces détachées.
Une fois rendue sur place, il faut ensuite la remonter sur son affût spécial, lui-même ancré dans le sol, le tout représentant une opération logistique extrêmement complexe, qui réclame plusieurs jours de travail harassant.

Pour compenser pareille usure, chaque obus, numéroté de 1 à 65, doit lui-même, du premier au soixante-cinquième, être usiné à un calibre légèrement supérieur à celui de son devancier, et être tiré en ordre croissant de numéros.

Après soixante-cinq coups, le tube, complètement usé, doit être entièrement démonté et renvoyé chez Krupp pour y être réalésé à son calibre d'origine.
Avant même d'avoir tiré son premier coup, il est déjà évident que la "Wilhelm-Geschütz", "l'arme à Guillaume" telle qu'elle a été baptisée en hommage à l'Empereur Guillaume II, il est déjà évident que cette arme s'est depuis longtemps fracassée sur le mur des rendements décroissants : avec pareilles contraintes, et à raison de 100 kilos seulement par obus (!), la quantité d'acier et d'explosifs que l'on peut espérer envoyer derrière les lignes ennemies, fut-ce à 100 kilomètres de distance, cette modeste quantité ne justifie certes pas des investissements financiers, matériels et humains aussi démesurés...
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