... pour minimiser les pertes dans leur propre infanterie, et "assouplir" la résistance des quelques 150 000 Allemands encore piégés dans la poche de Falaise, les Alliés vont massivement recourir aux chasseurs bombardiers tactiques dont les pilotes vont, il faut bien le dire, se livrer à un massacre aussi sanglant qu'exaltant.
Parmi ces pilotes, issus d'une multitudes de nationalités, on trouve des Belges, et en particulier Charles Demoulin.
"Nous opérons tout autour de Falaise, là où s'articule toute la défense allemande à l'Ouest (...) Le 10 déjà, nous avons attaqué Bernay avec une dizaine de transports et quelques véhicules blindés à notre tableau de chasse. Le 11, nous sévissons à Dozulé et liquidons des renforts autoportés. Le 12, c'est un bois près d'Aily qui reçoit notre visite et subit le traitement habituel : ratissage à la roquette et au 20mm. Quelques jours plus tard, on y retrouvera plus de 200 cadavres affreusement mutilés : une compagnie SS y a terminé sa sinistre carrière". (1)
(...) L'après-midi [du 15 août] on remet ça, et cette fois c'est la route de Trun qui est l'objet de toutes nos attentions. Des chars Tigre tentent de briser l'encerclement. Nous les avons surpris au plus mauvais moment pour eux, en rase campagne, et sans liberté de manoeuvre. (...) Un tank s'abrite en catastrophe derrière un bouquet d'arbres. Pauvre idiot ! Ton heure est venue.
(...) Tu vas payer, au centuple, tout ce que les Belges, les Français, mes amis anglais, tout mes copains ont souffert et subi depuis quatre ans. Tu vas expier par procuration pour ce monstre de Hitler, tu vas crever, étripé par mes roquettes, et le sang de ton équipage va éclabousser les parois surchauffées de ton char. Une sorte de rage s'empare de moi, je ne vois plus rien que cette masse grise qui tente de m'échapper en se dissimulant derrière le rideau fragile d'un boqueteau
(...) Froidement, avec une infinie précaution, je balance mon Typhoon dans un léger piqué, pour aligner amoureusement le centre de mon collimateur sur le ventre de ma proie, en attendant méthodiquement que la distance soit réduite à moins de cent mètres, en caressant lentement le bouton de mise à feu, puis d'un coup sec, en déclenchant le tir qui va envoyer ad patres ces barbares. Un peu de fumée. Une explosion. J'évite la collision à quelques mètres du sol et je fuse vers le ciel pendant que du Tigre éventré sort un torrent de flammes et de fumée noire" (2)
(1) Charles Demoulin, Mes Oiseau de Feu, page 202(2) ibid, pages 204-205
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