samedi 15 avril 2006

1133 - sociopathie

... à Nuremberg, les témoignages de Rudolf Höss suscitent à plusieurs reprises l'ahurissement des juges et de toutes les personnes qui assistent aux audiences, et qui n'en reviennent pas de l'extraordinaire détachement dont l'accusé fait preuve à l'égard des centaines de milliers de personnes qu'il a vues mourir dans son camp.

"J'avais des ordres personnels de Himmler", affirme Höss. "Les raisons que Himmler me donnait, je devais les accepter (...) Himmler me disait que si les Juifs n'étaient pas exterminés à cette époque, c'étaient les Juifs qui extermineraient à jamais les Allemands (...) maintenant, naturellement, je me rends compte que ce n'était pas bien" (1) (...) mais je ne vois pas ce que vous voulez dire quand vous parlez d'être bouleversé parce que, personnellement, je n'ai tué personne. J'étais juste le directeur du programme d'extermination à Auschwitz (...) il m'arrive de rêver une fois de temps en temps, mais le lendemain matin, je ne me souviens pas de quoi il retournait. Je n'ai jamais fait de cauchemars" (2)

"A Auschwitz, durant ma dernière année là-bas, en 1942, 1943, j'avais beaucoup à faire (...) Le téléphone sonnait toutes les nuits et on me convoquait quelque part. J'étais épuisé, non seulement à cause des exterminations mais aussi à cause des autres tâches. Ma femme [qui vivait avec lui à Auschwitz] se plaignait souvent que je passe si peu de temps avec ma famille et que je ne vive que pour mon travail. C'est seulement en 1943, après que je sois allé à Berlin, que mes médecins ont fait savoir à mes supérieurs que j'étais surmené et épuisé. J'ai pris six semaines de vacances vers la fin de l'année"

(1) Gellately, page 368
(2) ibid pp 388-389

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