mardi 4 avril 2006

1122 - "Ils sont d'une patience..."

... ce n'est que le 17 janvier 1946 que l'Accusation française peut enfin exposer le volet "crimes de guerre" du Procès de Nuremberg.

En vérité, la liste des crimes retenus est si longue et variée que Français et Russes ont jugé préférable de se partager la tâche : à la France tous les crimes commis à l'Ouest, à la Russie tous les crimes commis à l'Est.

Pendant des mois, les uns et les autres vont donc parler assassinats de partisans, représailles sur les population civiles, déportations, tortures et exécutions sommaires, mais aussi viols, pillages économiques ou encore réquisitions de travailleurs forcés : "715 000" rien que pour la France, affirme l'Accusation.

Là encore, la forme écrite domine. Juges, accusés et aussi spectateurs s'efforcent donc tant bien que mal de trouver un quelconque intérêt dans l'interminable lecture des biens volés, en particulier au profit personnel d'Hermann Goering. "Ils sont d'une patience...", s'étonne du reste Champetier de Ribes à Edgar Faure, en parlant des juges.

Suivent néanmoins quelques auditions de témoins, comme celui de Maurice Lampe, résistant envoyé au camp de Mauthausen, ou celui de Victor Dupont, qui a passé 20 mois à Buchenwald. Mais c'est surtout, celui de Marie-Claude Vaillant-Couturier, sur Auschwitz, qui fait sensation,... bien que peu de gens se rendent compte à cet instant qu'il est aussi, et peut-être surtout, le témoignage d'une femme envoyée à Auschwitz parce que résistante et communiste, et non pas tout simplement parce que juive...

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