samedi 1 avril 2006

1119 - "Si l'on parle ici d'agression, alors les deux pays sont coupables !"

... en tentant d'évoquer le Pacte germano-soviétique de 1939, et en particulier l'existence d'un "protocole secret" au dit Pacte, Alfred Seidl, avocat de Rudof Hess, vient d'allumer la mèche de la première bombe polonaise

L'affaire reprend trois jours plus tard, cette fois lorsque l'avocat de Von Ribbentropp interroge un témoin sur l'existence de ce "protocole secret", déclenchant aussitôt une nouvelle intervention du procureur russe, le général Rudenko, qui demande que la question soit retirée.

Le juge Lawrence hésite, puis ordonne la suspension de séance. Sur le banc des accusés, le général Jodl ricane : "Alors ils [les Russes] veulent maintenant cacher qu'il existait un traité secret. Cela me paraît difficile. J'avais à l'avance l'indication de la [future] ligne de démarcation dans mes plans, et j'ai préparé (1) la campagne en conséquence" (2)

L'audience reprend. Les juges ont finalement accepté d'autoriser le témoin (3) à répondre. Et oui, le témoin était au courant de l'existence d'un "protocole secret".

Vient maintenant le tour de Ribentropp lui-même. Oui, finit-il par dire, la ligne de démarcation prévue entre Allemands et Russes en cas de guerre avec la Pologne fut la ligne des fleuves de la Vistule, du San et du Bug. L'Ouest de cette ligne devait revenir aux Allemands, et l'Est aux Russes - et c'est précisément ce qui arriva. De plus, ajoute Ribentropp "on détermina d'autres sphères d'intérêt en Finlande, dans les pays Baltes et en Bessarabie"

Le 1er avril 1946, Alfred Seidl revient à la charge. Au moment où, interrogeant Von Ribbentropp, il s'apprête à lui lire un extrait de l'affidavit de Gauss, le procureur soviétique se précipite et lui interdit, pour la seconde fois, d'en faire lecture. Interruption de séance. Seidl est cette fois autorisé à lire l'extrait qu'il réclame. Ribentropp en confirme l'authenticité "Si l'on parle ici d'agression, alors les deux pays sont coupables !", conclut-il

Mais l'affaire n'est pas encore terminée...

(1) Jodl s'attribue ici la paternité d'une campagne qui, pour l'essentiel, a pourtant été préparée par le général Von Manstein. A ce sujet, voir Benoît Lemay "Erich Von Manstein, le stratège de Hitler"
(2) Wieviorka, page 73
(3) il s'agit de Fraulein Blank, secrétaire de Ribentropp

1 commentaire:

Anonyme a dit...

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