vendredi 31 mars 2006

1118 - la bombe polonaise

... la démonstration de la culpabilité des accusés à l'endroit du "complot" et des "crimes contre la paix" aurait assurément gagné en force et en pertinence si les accusateurs n'en avaient pas eux-mêmes fait partie.

La bombe éclate le 25 mars 1946, lorsque Alfred Seidl, avocat de Rudolf Hess, se met à expliquer les étranges circonstances entourant la signature du Pacte germano-soviétique - dit pacte "Ribbentropp-Molotov" - du 23 août 1939. Un pacte qui figure parmi les documents présentés au procès.

"Un protocole secret existe !", affirme l'avocat (1). "Cet accord secret", ajoute-t-il, "contenait essentiellement la détermination des zones d'influence des deux États dans le territoire européen [la Pologne] qui se trouvait entre l'Allemagne et la Russie".

Stupéfaction du juge britannique, qui après un bref échange avec Seidl, l'autorise à poursuivre. Seildl brandit alors un affidavit de Friedrich Gauss qui, en 1939, était le chef du service juridique du Ministère des Affaires étrangères allemand. Cet affidavit ne figure pas parmi les pièces soumises au Tribunal mais, souligne Seidl, les passages qu'il souhaite en lire publiquement sont fort brefs et très facilement traduisibles par les nombreux traducteurs siégeant au Tribunal.

Décontenancé, Lawrence s'adresse alors aux représentants du Ministère public, et leur demande s'ils ont une objection à formuler. La réponse fuse, immédiate, du banc de Rudenko, le procureur soviétique : c'est un Niet catégorique.

Seidl contre-attaque : s'il ne peut lire ce document au prétexte que le Ministère public n'en avait pas préalablement eu connaissance, qu'il soit alors permis de faire citer Vyacheslav Mikhailovich Molotov à la barre (!)

Refus de Lawrence, et fin provisoire de la controverse.

Ce n'est que partie remise...

(1) Wieviorka, page 71

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