jeudi 23 mars 2006

1110 - le triomphe de l'écrit

... A tous égards, le Procès de Nuremberg est le triomphe de l'écrit sur l'oral.

"Il semble, s'extasie un témoin, que toutes les archives officielles publiques, privées ou secrètes du Troisième Reich n'aient été conservées par des fonctionnaires consciencieux que pour être utilisées par la suite contre les anciens maîtres de l'Allemagne" (1)

Peut-être. Mais il n'en demeure pas moins que la présentation et la lecture de ces milliers et milliers de documents et témoignages, et leur traduction dans les quatre langues officielles des débats, rendent les audiences d'autant plus ennuyeuses que les auditions de témoins, à charge ou à décharge, sont par ailleurs fort rares. Goering lui-même, la seule véritable "vedette" de ce procès, ne prendra la parole en tant que témoin que le 13 mars 1946, après quatre mois d'audiences...

Accusé lui aussi, mais finalement acquitté, l'insignifiant Hans Fritzsche ne peut d'ailleurs s'empêcher de noter que "D'emblée, la salle paraît silencieuse et paisible. On entend quelqu'un parler quelque part, et on a l'impression d'assister à une simple conversation. En apparence, il ne se passe rien : c'est une pièce sans action jouée par des muets. Il est impossible de deviner que les vainqueurs sont en train d'évaluer la responsabilité de ceux qui ont déclenché la guerre (...) Seuls les écouteurs placés devant chaque siège laissent supposer qu'il se passe quelque chose dans cette salle, traduisant en quatre langues ce que l'orateur débite à voix basse" (2)

(1) Wierviorka, page 46
(2) ibid, page 48

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