samedi 18 mars 2006

1105 - la Défense

... chacun des accusés du procès a eu la possibilité de se faire représenter par un avocat librement choisi sur une liste en principe expurgée de tout membre de l'ex parti nazi.

Même les "organisations" sont représentées par un avocat qui, dans ce cas, a été désigné d'office.

Globalement, les avocats vont s'acquitter de leur tâche avec professionnalisme et même, dans certains cas, avec ténacité et brio, comme Otto Kranzbühler, qui n'hésitera pas à réclamer - et à obtenir - le témoignage du grand amiral Nimitz comme témoin à décharge de son client, Karl Dönitz; ou Alfred Seidle qui, dans le cadre de la défense d'un Rudolf Hess passablement absent sur le plan mental, déposera bientôt une bombe juridique dans le jardin des Soviétiques - mais n'anticipons pas.

Même si les esprits chagrins continuent d'affirmer que Nuremberg fut la Justice des vainqueurs appliquée aux vaincus - et comment aurait-il pu en être autrement - l'objectivité pousse néanmoins à reconnaître que des efforts aussi importants que véritablement inédits dans l'Histoire des guerres furent déployés par les premiers en faveur des seconds, dont plusieurs bénéficièrent d'ailleurs de peines légères, ou furent carrément acquittés, à la surprise générale, de toutes les charges retenues contre eux.

Bien sûr, dans bon nombre de cas, la tâche des avocats s'avérera cependant impossible - quel avocat au monde aurait-il pu sauver Goering de la corde ? quel autre avocat aurait-il pu empêcher la condamnation de la SS en tant "qu'organisation criminelle" ?

Mais après tout, comme le fit remarquer le Procureur général américain dans un moment de mauvaise humeur, "ce témoin [Hermann Goering] (...) [se voit accorder par le tribunal] un procès tel qu'il n'en a jamais accordé à âme qui vive" (1)

(1) Wieviorka, page 160

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
votre blog dépoussière et surtout démystifie le procès de Nurenberg en montrant les petites faiblesses de ce que la propagande (toutes nations alliées confondues) a voulu parfois présenter come le nec plus ultra de la justice.

En ce qui concerne Dönitz et son avocat, il faut cependant dire que les anglais étaient déterminés à "se payer" celui qu'ils rendaient responsable de la destruction de leur marine marchande....et de leur domination impérialiste.
L'avocat Kranzbülher eut à défendre Dönitz au sujet des ordres "triton zéro" pris après l'affaire du laconia (ne pas tenter de repêcher les rescapés d'un torpillage) que vous avec fort bien relatée.
TRès astucieiusement, l'avocat fit remarquer que le grand chef de l'US Navy l'amiral Chester Nimitz avait donné des ordres similaires (repenser au mépris des américains pour les "petits homes jaunes" peut être une explication, l'efficacité guerrière en est une autre).
Très fair Play, Nimitz convint bien volontiers (dans un mémorandum écrit) que ses ordres permanents étaient très comparables aux fameux ordres Triton zéro.
On peut y voir une sorte de fraternité des grands amiraux.
Ce qui est sûr c'est que Dönitz, un nazi convaincu, eut de la chance d'avoir un bon avocat .
La peine de prison qui lui fut infligée avait pour motif assez fourre-tout "conspiration contre la paix" et était une sorte de moyen terme que le tribunal accorda aux anglais