mardi 14 mars 2006

1101 - Fritzsche : l'inconnu de la dernière heure

... le nom d'Hans Fritzsche n'a été ajouté sur la liste des accusés qu'à la dernière minute, et uniquement pour faire plaisir aux Russes, ulcérés de n'avoir qu'un seul "gros poisson" sous la main quand leurs alliés occidentaux en possédaient vingt-deux.

De fait, à Nuremberg, personne ne connaît cet homme qui semble surgir de nulle part. Journaliste, animateur de radio, Hans Fritzsche n'adhère au NSDAP qu'en 1933,.. lorsque le service où il travaille est tout bonnement intégré à l'omniprésent Ministère de la Propagande de Joseph Goebbels, dont il est devient un des principaux collaborateurs.

Promu directeur du département de Presse, il exerce le contrôle - ou plus exactement la censure - sur plusieurs centaines de journaux et hebdomadaires. En 1942, il se retrouve, toujours sous la direction de Goebbels, directeur de la section de radiodiffusion, ce qui lui permet cette fois de contrôler et censurer tout ce qui se raconte sur les radios allemandes.

De toute évidence, l'intéressé n'est pourtant pas du même calibre que ses co-accusés, qui d'ailleurs n'ont jamais entendu parler de lui. Malgré tous les efforts et les protestations du juge soviétique, le Général Nikitchenko, le Tribunal est donc forcé de conclure que :

"Il semble que Fritzsche ait quelque fois, au cours de ses émissions, fait des déclarations énergiques qui n'étaient autre chose que de la propagande. Mais le tribunal n'en infère pas pour autant qu'elles aient eu pour but d'inciter les Allemands à commettre des atrocités sur les peuples conquis. On ne peut donc pas l'accuser d'avoir participé aux crimes en question. En fait, il cherchait plutôt à susciter un mouvement d'opinion favorable à Hitler et à l'effort de guerre allemand" (1)

Acquitté de toutes les charges qui pesaient contre lui, Hans Fritzsche est néanmoins, tout comme Schacht et Von Papen, attendu à la sortie par la Justice allemande. Là encore, un tribunal allemand de dénazification le condamne à neuf ans d'emprisonnement, avant de le libérer en 1950. Il meurt d'un cancer à Cologne, trois ans plus tard.

(1) Wieviorka, page 171

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