jeudi 2 mars 2006

1089 - Frick : c'est pas moi c'est l'autre

... Wilhelm Frick est le dixième et dernier nom de la liste britannique originelle, soit celle comprenant tous les "grands criminels" que la Grande-Bretagne aurait préféré exécuter sommairement et sans jugement. Il est d'ailleurs symptomatique de constater qu'à l'exception de Rudolf Hess, tous les membres de cette première liste seront finalement condamnés à mort, puis exécutés.

S'agissant de Wilhelm Frick, il est pourtant difficile de le considérer comme un véritable "gros poisson" du national-socialisme. Modeste fonctionnaire de police en 1917, son ralliement précoce au NSDAP, et sa participation au "putsch de la brasserie" de 1923, lui vaut, comme à tant d'autres, la reconnaissance de Hitler, et une promotion rapide une fois celui-ci parvenu au Pouvoir

Ministre de l'Intérieur de 1933 à 1943 - ce qui dans le Troisième Reich ne veut pas dire grand-chose - Frick est surtout connu pour son rôle dans l'élaboration des lois raciales (dites "lois de Nuremberg") de 1935, et dans celles relatives à "l'action d'euthanasie" (ou "action T4") de 1939 (1). Finalement évincé de sa confortable sinécure par le bien plus redoutable Heinrich Himmler - déjà chef de la SS et grand-maître de la "Solution finale" - Frick se voit néanmoins, toujours grâce à sa longue amitié avec Hitler, offrir un lot de consolation, en l'occurrence le "Protectorat de Bohème-Moravie", autrefois attribué au tristement célèbre SS Reynhard Heydrich jusqu'à l'assassinat de ce dernier, en mai 1942.

"Je n'étais à Prague qu'environ une semaine par mois !", se défend Frick lors de son procès à Nuremberg. "Le véritable responsable allemand de la Bohème et de la Moravie était Karl Hermann Frank (2). Ce dernier relevait directement de Hitler, et avait un rang équivalent au mien : Reichsminister" (3)

Le Tribunal de Nuremberg refuse de le suivre dans cette argumentation, et le reconnaît coupable des trois derniers chefs d'accusation, ce qui l'envoie lui aussi à l'échafaud


(1) "Saviez-vous que... - 954 -
(2) en vertu de la Déclaration de Moscou du 30 octobre 1943, Karl Hermann Frank, qui s'était rendu aux Américains à Pilsen le 9 mai 1945, fut finalement livré aux autorités tchèques, lesquelles le condamnèrent à mort pour crimes de guerre, et en particulier pour l'annihilation du village de Lidice et de ses habitants, ordonnée en représailles de l'assassinat de Reynhard Heydrich
(3) Gellately, page 87

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