mardi 28 février 2006

1087 - Rosenberg : avec les compliments de l'auteur

... souvent présenté comme le principal - sinon le seul - "idéologue du Nazisme", Alfred Rosenberg ne mérite certainement pas ce titre,... et d'autant moins que personne, parmi les leaders nazis, n'a réellement lu - et encore moins compris - la prose particulièrement indigeste de l'intéressé.

De lui, Hermann Goering, numéro deux du régime, ira jusqu'à dire "Rosenberg ? Ce n'est pas un officiel. C'était un auteur. Je ne connais personne qui puisse dire qu'il a été l'ami de Rosenberg. Il est du genre à faire bande à part; il est difficile à comprendre ou à approcher (...) je n'ai jamais rien lu de lui, hormis le premier chapitre du Mythe du XXème siècle, qui comme je l'ai dit m'est tombé des mains" (1)

Compagnon de la première heure de Hitler, rédacteur en chef du Völkischer Beobachter - journal officiel du parti nazi - puis Ministre des Territoires occupés, Rosenberg est un architecte devenu journaliste, philosophe, et bien entendu antisémite. Un homme qui rend les Juifs responsables de tous les malheurs de l'Allemagne et en particulier de s'être assurés le contrôle de la Presse, du théâtre et de l'Économie.

Si les juges de Nuremberg peinent eux aussi à comprendre les positions philosophiques pour le moins nébuleuses de l'intéressé, ils peuvent au moins se rabattre sur ses activités matérielles, dès lors qu'il se retrouva nommé Ministre des Territoires occupés, en 1941.

Dès cette époque, déclare le Tribunal, Rosenberg, "aida à l'élaboration de la politique de germanisation, d'exploitation, de travail forcé, d'extermination des Juifs et des adversaires du nazisme, et il organisa l'administration qui mit cette politique à exécution.Rosenberg était parfaitement au courant des traitements brutaux et de la terreur auxquels étaient soumis les habitants des régions de l'Est. Il ordonna de ne pas considérer comme applicables dans ces territoires occupés les règles de la Convention de La Haye concernant la guerre terrestre. Il était au courant de l'enlèvement des matières premières et des produits alimentaires des régions conquises à l'Est et de leur expédition vers l'Allemagne, et il prit une part active à ce pillage. Il déclara que la première demande à présenter aux pays de l'Est était de ravitailler le peuple allemand, et que ce serait le peuple soviétique qui en souffrirait".

Reconnu coupable des quatre chefs d'accusation, Rosenberg se laisse mettre la corde au cou sans mot dire. Peut-être parce qu'il a compris que le bourreau lui non plus ne parviendra pas à le comprendre...

(1) Gellately page 159

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