mardi 21 février 2006

1080 - Goering : le vieux soldat

... avec le retrait de Gustav Krupp, et l'absence de Martin Bormann, les accusés ne sont plus que 22 lors de l'ouverture solennelle du procès de Nuremberg, le 18 octobre 1945.

Parmi ceux-ci, Hermann Goering tient incontestablement la vedette. Héros de la Première Guerre mondiale, commandant en chef de la Luftwaffe, Président du Reichstag, Premier ministre de Prusse, numéro deux du régime nazi, et pendant longtemps personnalité la plus populaire d'Allemagne après Hitler, Hermann Goering est le fidèle d'entre les fidèles, et un homme qui, sachant depuis longtemps que son sort est déjà scellé, entend bien donner du fil à retordre à ses accusateurs.

De fait, Goering parle beaucoup, assume toutes ses responsabilités, et ne regrette rien, ce qui lui vaudra plusieurs passes d'armes mémorables avec le procureur général américain, Robert Jackson, qu'il tournera à diverses reprises en ridicule.

Goering est un voleur, qui s'est scandaleusement enrichi sous le Troisième Reich et n'a cessé de piller tous les musées d'Europe pour son compte personnel. C'est également un homme sans scrupule, et un des principaux organisateurs de la "Solution finale à la question juive". Mais c'est également un soldat, qui entend bien mourir comme tel

Aussi, le 01 octobre 1946, lorsque le tribunal le reconnaît finalement coupable des quatre chefs d'inculpation, et le condamne à la peine de mort, Goering réclame-t-il de mourir en soldat, c-à-d fusillé et non pas pendu comme un vulgaire voleur. Le Tribunal refuse, comme il le refusera pour les autres condamnés qui en feront la demande.

Au soir du 15 octobre 1946, lorsque le gardien - comme c'est la règle - regarde dans la cellule de Goering, quelques minutes avant qu'on ne le conduise à l'échafaud, il le découvre effondré sur le sol. Ultime pied-de-nez au Tribunal et à l'Histoire, le Maréchal du Reich s'est empoisonné au cyanure pour, a-t-il écrit à sa femme, "ne pas se soumettre au châtiment tel qu'il a été défini par ses ennemis".

Soixante ans plus tard., la provenance du poison reste inconnue. Beaucoup, comme David Irving, pensent qu'il lui a tout simplement été remis par Jack Wheelis, un des gardiens américains avec lequel le Maréchal s'était lié d'amitié (1)

(1) "Göring's wife knew the officer's identity but never revealed it (...) Wheelis is now dead but it was probably no coincidence that his widow later put up for sale a very large, expensive wristwatch that Hermann Göring had given to him" (Irving, Nuremberg... pp 443-444)

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