lundi 16 janvier 2006

1044 - de la conquête de la flèche...

... si la plupart des recherches allemandes sur les "avions miracles" ne purent être mises au point avant la fin de la guerre, si bon nombre d'entre elles débouchèrent sur de véritables impasses technologiques, il en est tout de même quelques unes qui eurent tout à la fois le temps d'être lancées dans la bataille et la chance de s'avérer satisfaisantes. L'aile en flèche est de celle-là.

Habitués que nous sommes à la silhouette effilée des avions à réaction d'aujourd'hui, nous avons oublié que jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, et à l'exception de quelques tentatives sans lendemain, les avionneurs du monde entier concevaient encore leurs machines avec une aile droite, jugée naturellement stable. En Allemagne plus qu'ailleurs, le fabuleux développement des recherches aérodynamiques durant la guerre, et l'obligation d'innover pour contrebalancer la supériorité numérique des Alliés, amena pourtant les ingénieurs à se passionner pour l'aile en flèche, gage d'une spectaculaire amélioration des vitesses de pointe. Une aile qui se retrouva sur plusieurs de leurs créations de fin de guerre - comme le Messerschmitt 262 - et sur la quasi-totalité de leurs prototypes futuristes.

Au lendemain de la guerre, les Alliés se disputèrent tout naturellement l'expérience allemande dans ce domaine, ramenant chez eux, par wagons ou cargos entiers, les avions, la documentation technique, et bien entendu les techniciens et aérodynamiciens allemands - dont Alexander Lippisch - pour aider leurs propres avionneurs à concevoir de meilleurs appareils.

Pionniers dans le domaine des ailes en flèche, les Allemands furent aussi les premiers à en mesurer les inconvénients et limites. Si la flèche augmentait la vitesse de pointe de l'avion, elle dégradait également la portance et la stabilité à faible vitesse, à proximité du sol et, bien entendu, à l'atterrissage. Résumé autrement, l'avion équipé d'une aile en flèche s'avérait plus performant à haute altitude et grande vitesse, mais moins efficace et souvent dangereux à faible vitesse et basse altitude.

De ce constat devait tout naturellement naître une idée : celle de pouvoir modifier la flèche d'une aile en fonction des besoins, donc de créer ce que l'on appela bientôt la "géométrie variable". Le Messerschmitt P1101 fut la première réalisation en ce domaine. Et même s'il ne vola jamais, même si l'incidence de son aile n'était réglable qu'au sol et non pas en vol, en fonction du profil des missions prévues, la découverte de son prototype, dans les ruines de l'usine Messerschmitt d'Augsburg, intéressa suffisamment les Américains pour les inciter à le ramener chez eux et le confier à société Bell, chez qui il servit de modèle pour la construction du X-5 et, au delà, pour tous les chasseurs à géométrie variable développés après la guerre...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

La descendance du Huckbein (littéralement le corbeau barjot) de l'ingénieur Tank a été assez prolifique:
L'avion argentin Pulqui 2 a réaction, que Tank, ingénieur, dessinateur et pilote d'essai de Messerschmitt, (un cas assez rare à cette époque où les "crânes d'oeuf"du bureau d'études envoyaient un téméraire pilote d'essai risquer sa peau pour valider une théorie plus ou moins vérifiée) , exilé en Argentine comme bien des nazis plus pendables que lui , et voulu par Juan Peron après le semi échec du Pulqui 1 du au très têtu et assez collabo Mimile "bras de fer" Dewoitine (lui aussi frappé d'indignité nationale , et exilé sur les bords du Rio de la Plata en compagnie de Michel detroyat qui avait rejoint Vichy) ...

Mais il y a eu surtout les premiers "jets" soviétiques de Yakovlev et surtout Mikoyan et Gourévitch dont la formule était très voisine du huckbein...et dire qu'on a traité les japonais de copieurs quand ils ont inondé le marché mondial de la moto dans les années 70!