dimanche 8 janvier 2006

1036 - les yeux plus gros que le ventre

... le petit chasseur-bombardier Horten IX n'était pas encore en production que déjà les frères Horten planchaient sur son "grand-frère" de bombardement transatlantique, le Ho XVIII

Depuis des années, une des obsessions de Hitler - une de celles qu'il valait mieux ne pas discuter - était en effet de bombarder les États-Unis, et particulièrement New-York, en représailles des bombardements américains sur l'Allemagne. Peu importait au Führer que l'Allemagne n'ait pas les moyens de construire l'appareil en série du moment qu'elle fut au moins capable de produire ne serait-ce qu'un seul avion qui s'en irait larguer une seule bombe sur l'Empire State Building ou la Statue de la Liberté.

Les effets de ce bombardement seraient évidemment plus psychologiques que matériels, mais pour l'homme qui ne jurait que par le "triomphe de la volonté", c'était bien là l'essentiel. Du reste, les chercheurs allemands travaillant également sur la bombe atomique, une frappe nucléaire sur New-York, ou du moins sur Londres ou Moscou, pouvait être envisagée pour 1946 ou 1947. Et pour cela, il n'était nul besoin de construire des milliers de bombardiers...

Le problème, c'est que cette obsession hitlérienne se heurtait, comme tant d'autres, à la cruelle réalité des chiffres et des possibilités techniques de leur époque : tout ravitaillement au vol ou au sol étant exclu, il aurait fallu, pour atteindre New-York et en revenir, disposer d'une autonomie supérieure à 10 000 kms, ainsi que d'un avion suffisamment rapide pour échapper aux chasseurs que l'ennemi ne manquerait pas de dresser sur sa route. Les moteurs à pistons conventionnels manquant par trop de puissance, et les moteurs à réaction consommant bien trop de carburant, tous les avionneurs allemands s'étaient cassés les dents sur cette équation, ne réussissant, au mieux, qu'à fabriquer une poignée de prototypes - comme le Messerschmitt 264 (1) - bien incapables d'un tel exploit, qui dut par ailleurs attendre le milieu des années 1950, et le Boeing B52, pour se réaliser.

En théorie, par sa spectaculaire diminution de traînée par rapport à un avion conventionnel, et par sa grande capacité d'emport de carburant, l'aile volante Horten permettait de résoudre cette équation insoluble. Avec une distance franchissable calculée de 11 000 kms, un plafond de 16 000 mètres, et une vitesse maximale de 850 kms, le Horten XVIII aurait peut-être pu combler les voeux du Führer si la capitulation allemande ne s'était produite deux mois avant la date prévue pour le commencement de la construction du prototype...

(1) Saviez-vous que... - 103 -

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