samedi 7 janvier 2006

1035 - les frères Horten

... Il y a deux manières de construire un avion. La première, connue de tous et utilisée partout dans le monde, consiste à le dessiner sur le modèle des oiseaux : un long corps - le fuselage - et des ailes de chaque côté. La seconde, beaucoup moins usitée et quelque peu mystérieuse, s'inspire du cerf-volant, ou du boomerang

Par rapport à l'avion conventionnel, la seconde conception - appelée "aile volante" - offre plusieurs avantages, en particulier une spectaculaire diminution du poids et de la traînée. Dans un avion conventionnel, le fuselage, bien qu'indispensable, est en effet un poids mort, qui ne joue par ailleurs aucun rôle dans la portance. La présence obligatoire, à son extrémité, d'une queue, avec ses empennages horizontaux et verticaux, l'alourdit encore davantage et dégrade encore un peu plus la finesse. Puisque fuselage et empennages représentent de 30% à 50% de la traînée totale, l'avion qui parviendrait à s'en passer - l'aile volante - pourrait théoriquement, à puissance motrice identique, voler plus vite et aller plus loin.

Dans l'Allemagne des années 1930 et 1940, l'aile volante était synonyme des frères Walter et Reimar Horten, lesquels avaient bâti leur réputation sur la construction de planeurs ultra-performants,... en forme d'ailes volante. Seule activité aéronautique échappant véritablement au Traité de Versailles, le vol à voile avait rapidement pris une importance considérable en Allemagne, mais ne pouvait jouer qu'un rôle mineur dans les projets bellicistes de Hitler une fois celui-ci arrivé au Pouvoir. La dégradation continue de la situation militaire, dès 1942, incita néanmoins les responsables de la Luftwaffe à faire preuve d'ouverture, et à s'intéresser à des idées non-conventionnelles, jugées seules capables de contrebalancer la supériorité numérique de plus en plus écrasante des Alliés.

Lorsque la Luftwaffe exigea un "3 x 1 000", soit un bombardier ou chasseur-bombardier capable de transporter 1 000 kilos de bombes à 1 000 kms/h sur une distance de 1 000 kms, seule l'aile volante fut jugée capable d'une telle performance, compte tenu des trop faibles puissances et fortes consommations des moteurs à réaction alors disponibles

En mars 1944, le Horten IX, construit essentiellement en bois, effectua ses premiers vols en tant que planeur,... mais il fallut attendre près d'un an avant que les premiers réacteurs puissent être livrés - et surtout installés - à bord de l'engin. Les essais en vol s'étant finalement révélés satisfaisants, décision fut prise de fabriquer l'appareil en série dans les ateliers de la Gothaer Waggonfabrik, société qui avait déjà acquis une solide renommée dans la construction d'excellents planeurs d'assaut, comme le Go-242.

Pour le Go-229 - nouveau nom de l'aile volante Horten IX - l'avenir s'annonçait donc radieux, mais l'effondrement de l'Allemagne en décida autrement. Le 14 avril 1945, l'armée américaine s'empara de l'usine et mis la main sur les prototypes. L'un d'eux, partiellement démonté, figure aujourd'hui dans les réserves de la Smithsonian Institution...

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