… avec moins de 1% de la population, concentrée pour les trois-quarts dans les grandes villes, on trouvait en fait fort peu de Juifs dans l'Allemagne des années 1930, et en tout cas infiniment moins que dans la Pologne voisine.
Comme le souligne fort justement Daniel-Jonah Goldenhagen, si "l'antisémitisme sans Juifs" était déjà la règle au Moyen-Âge, "certains des antisémites les plus virulents de l'Allemagne de Weimar et de la période nazie n'avaient probablement eu que peu de relations, voire aucune, avec des Juifs. Des régions entières de l'Allemagne étaient vides de tout Juif".
Pour autant, et même si elle n'était guère capable de définir la nature exacte de la menace censée peser sur elle, la majorité de la population allemande adhérait à l'idée selon laquelle ces Juifs finalement fantomatiques mettaient en péril l'existence-même de la société allemande.
L'idée que 99% d'une population donnée puisse se sentir menacée dans son existence par une minorité de moins de 1% peut évidemment sembler absurde, mais était largement partagée à l'époque, non seulement en Allemagne mais aussi en Europe.
S'y ajoutait en effet une composante encore plus irrationnelle, celle d'un mystérieux "complot juif", dû à la surreprésentation, réelle ou imaginaire, des Juifs dans certains secteurs d'activités jugés essentiels. Dans la Banque, bien sûr, mais aussi dans la Politique, les Arts, les Médias et l'Éducation, soit dans toutes ces activités intellectuelles qui contribuaient à façonner l'image, les valeurs, les objectifs, l'identité de la société allemande.
Lors de leur procès à Nuremberg, en 1946, des accusés comme Hermann Goering ou Julius Streicher tentèrent précisément de justifier leurs actions par le "Pouvoir" que les Juifs auraient détenu sur le peuple allemand à travers l'école, les journaux et la radio.
D'où l'importance – jamais démentie tout au long du Troisième Reich – d'assurer le monopole nazi sur l'Information et l'Éducation, et celle d'en expurger les Juifs.
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