... la Seconde Guerre mondiale terminée, les nouveaux bombardiers stratégiques à réaction, bien que débarrassés des canons anti-aériens de gros calibre (devenus incapables de les suivre aux vitesses et altitudes où ils évoluaient désormais), restaient sous la menace des avions de chasse, à présent équipés de canons à tir ultra-rapide ou - mieux encore - de missiles air-air.
En 1953, le gouvernement canadien, qui craignait les bombardiers russes dont l'arrivée était considérée comme imminente, accepta de financer la création d'un intercepteur bisonique, capable de les détruire à très haute altitude, et sans l'assistance de radars au sol - immensités canadiennes obligent.
Pareil défi excédait de loin les capacités techniques de l'époque, et si l'Avro-Canada CF-105 "Arrow" parvint finalement à satisfaire au cahier des charges, ce ne fut qu'après d'innombrables retards, et au prix d'une véritable explosion du budget initialement prévu.
Cette hausse vertigineuse des coûts de production de l'Arrow, rendue inévitable par la complexité de plus en plus grande des avions modernes, n'était pas rédhibitoire en soi - tous les pays industrialisés y étant également confrontés - mais tombait d'autant plus mal que la mise en orbite du premier "Sputnik" russe, le 4 octobre 1957 - le jour même de la première présentation publique de l'Arrow ! - remit en cause l'intérêt-même des bombardiers, et donc des chasseurs conçus pour les intercepter.
A quoi bon continuer à construire des bombardiers pilotés, toujours très vulnérables et exigeant d'interminables pistes de décollage et d'atterrissage, alors que des missiles intercontinentaux à tête nucléaire, tirés depuis le fond des océans (premier lancement d'un Polaris : juin 1963), ou depuis des plate-formes spatiales, promettaient de meilleurs résultats à moindre coût ?
Et si le bombardier devenait inutile, alors l'avion destiné à l'intercepter l'était tout autant.
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Complément d'informations:
Officieusement, la découverte de fuites au plus haut niveau des gouvernements anglais et canadien favorisant d'important transferts de technologie vers l'URSS laissèrent présager le risque que les Arrow auraient pu être retournés contre les USA ou dérobés sous leur nez à destination de l'URSS, sans aucune possibilité pour les forces aériennes américaines de les contrer avec leur propre technologie. Pour nombre d'experts militaires, la découverte quelques années plus tard de l'intercepteur Mig-25 (code OTAN Foxbat) au gabarit et aux performances étonnamment proches, sonna comme la confirmation que les efforts canadiens avaient bel et bien été éventés.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Avro_CF-105_Arrow
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