mercredi 20 avril 2005

773 - la chute

... Les travailleurs étrangers - et bien entendu les Juifs - sont évidemment exclus des bunkers, et doivent dès lors se contenter des tranchées et de tout ce qu'ils peuvent trouver pour se protéger des bombes, y côtoyant ceux et celles arrivés trop tard, après la fermeture des portes des abris.

A mesure que l'habitat traditionnel s'enflamme et se transforme en gravats, à mesure que les attaques croissent en nombre et en fréquence, le bunker devient logement permanent autant que creuset dans lequel se dilue la résistance de ses occupants, qui réclameraient bien la Paix - comme le souhaitent les attaquants - n'étaient les dénonciateurs et autres indicateurs de la police, lesquels notent soigneusement les propos des uns et des autres.

Le bunker protège la vie, mais l'inconfort, l'humidité, la promiscuité, la peur perpétuelle, le bruit des bombes, la rendent infernale. Le "syndrome du bunker" mine le moral de la population plus sûrement que les tracts ou les destructions elles-mêmes. C'est presque avec soulagement que l'on se précipite dehors dès la fin de l'alerte,... pour contempler les ruines de ce qui fut sa ville et sa maison.

Le Troisième Reich fait construire des milliers de bunkers pour protéger la population, mais c'est dans les bunkers que la population apprend à se détourner du Troisième Reich. Encore celle-ci pourrait-elle s'estimer heureuse si elle savait qu'à des milliers de kilomètres de là, chez l'allié japonais, rien ne protège contre les bombes, ce qui permet aux statisticiens américains d'aligner de bien meilleurs chiffres d'efficacité guerrière que leurs homologues britanniques, perpétuellement confrontés à l'incroyable résistance du béton allemand.

Pour finir, lorsque le rideau retombe, l'on se retrouve avec des millions de tonnes de béton armé devenu inutile mais impossible à détruire, et dont on peut encore apercevoir les traces, ici et là, soixante ans plus tard...

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