... s'ils se sont montrés bien plus ambitieux que les Français dans leur doctrine du bombardement stratégique, les Britanniques n'en sont pas moins, en cette fin de 1939, presque aussi démunis qu'eux sur le plan matériel.La Grande-Bretagne dispose certes d'un nombre de bombardiers relativement conséquent, mais la plupart d'entre eux - comme le très médiocre monomoteur Fairey "Battle" - n'ont absolument rien de "stratégique", en plus d'être aussi vulnérables que des canards posés sur l'eau.
Les Belges en feront d'ailleurs l'amère expérience le 10 mai 1940, perdant la quasi-totalité de leurs "Battle" au cours d'une attaque aussi désespérée que mal organisée contre les têtes de pont allemandes sur le Canal Albert.
Quant aux bimoteurs de bombardement, ils ne possèdent ni l'allonge suffisante pour s'aventurer fort loin au dessus de l'Allemagne, ni les capacités d'emport susceptibles d'y causer de gros dommages.
De fait, il faudra attendre 1941 pour que le Bomber Command soit réellement en mesure de s'en prendre aux villes allemandes, et la mise en service des gros quadrimoteurs comme l'Avro "Lancaster", en 1942, pour que les bombardements se révèlent quelque peu efficaces, bien que toujours proportionnellement plus meurtriers pour les attaquants que pour les attaqués.
Conçus avant 1940 pour transporter les plus lourdes bombes possible, les bombardiers britanniques ont en effet tout sacrifié à la chage utile et sont donc si peu défendus - par une poignée de mitrailleuses légères de 7.7mm - qu'on devra vite se résoudre à ne les employer que de nuit - donc avec une précision toute relative - sous peine de tous les envoyer à l'abattoir.
Encore la recette n'aura-t-elle rien d'infaillible. Le squadron 138 polonais, chargé de ravitailler les insurgés de Varsovie en septembre 1944, perdra ainsi 65 officiers, 169 hommes d'équipage et... 90% de ses avions en l'espace de 23 nuits au dessus des territoires défendus par l'Allemagne...
1 commentaire:
Bonjour!
bravo pour cet excellent blog...Ne pas oublier que l'AVRO Lancaster n'a été un quadri-moteur que par raccroc. A la base du Lancaster, il y avait un très médiocre bombardier bimoteur (le Manchester) équipé de deux moteurs théoriquement surpuissants mais en réalité caractériels et inefficaces : Comme pour le moteur Lorraine "Radium" (qui n'arriva jamais à être fiabilisé ) ou le double Daimler Benz des HE177 "Greif" (double moteur sur une seule hélice )le Manchester devait être équipé d'un très complexe Rolls Royce "Vulture" 24 Cylindres en X qui se révéla être un cauchemar de mécanicien...et malgré le surcroît de traînée d'une installation quadrimoteur (avec les "Merlin 12 cylindres, laborieusement mais efficacement fiabilisés) le Lancaster se révéla être un excellent bombardier lourd...A cette époque (et en dehors des Bristol Centaurus sans soupapes) tous les moteurs de plus de 2000 CV (pour simplifier) butaient sur des limites technologiques (résistance des matériaux, détonation et cliquetis destructeurs, Cf Tintin au Pays de l'Or Noir) .
Même avec l'avantage de l'essence à haut indice d'octane additivé au plomb tétra-éthyle, les moteurs 28 Cylindres!!! américains (Accouplement de 4 étoiles de 7 cylindres en configuration Corncob -épi de maïs-) et équipés d'un très complexe système de récupération de puissance par turbo-compresseurs, qui équipaient les Lockheed Constellation civils et les Boeing B29 militaires étaient d'épouvantables bêtes à chagrin avec une fiabilité douteuse et une maintenance cauchemardesque
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