vendredi 10 décembre 2004

642 - dix ans de vacances

... pendant une décennie, le Traité de Washington et - il faut bien le dire - les vicissitudes économiques contraignirent les puissances navales à accorder à leurs cuirassés des vacances bien méritées.

L'apparition du Deutschland - le premier des "cuirassés de poche - en 1933 donna hélas le coup d'envoi d'une nouvelle et gigantesque course aux armements navals qui, comme la première, devait déboucher sur une confrontation meurtrière et se terminer dans l'amertume.

Aiguillonnées par l'Allemagne, les grandes puissances européennes recommencèrent à construire des casernes flottantes de plus en plus puissantes mais dont beaucoup se demandaient à présent si elles représentaient encore l'arme absolue sur mer.

La Première Guerre mondiale avait déjà prouvé la vulnérabilité des cuirassés aux attaques sous-marines. Au début des années 1920, l'Américain Billy Mitchell en avait fait de même pour les attaques aériennes.

Face à la double menace des sous-marins et d'avions de plus en plus performants - donc capables d'emporter des bombes de plus en plus lourdes - le seul salut des cuirassés semblait résider dans la course au gigantisme.

Avec ses 18 000 tonnes, le Dreadnought de 1906 faisait désormais figure de nain face aux 35 000 tonnes des Nelson et Rodney de 1927. Dix ans plus tard, la mise en chantier, partout dans le monde, de cuirassés de plus de 40 000 tonnes relégua les "cuirassés Washington" au rang de jouets pour enfants.

A chaque nouveau bâtiment allemand correspondait une réplique française ou britannique encore plus puissante, qui incitait en retour les ingénieurs allemands à replonger sur leurs planches à dessins pour concevoir un bâtiment encore plus gros, dont l'apparition déclenchait à son tour une nouvelle réplique.

Et si la France répliquait, l'Italie se devait d'en faire autant tandis que, de leur côté, Japonais et Américains n'entendaient certes pas se faire distancer.

Tout cela, on s'en doute, ne pouvait que se terminer fort mal...

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