... les 8000 morts du Wilhelm Gustloff ne mirent évidemment pas un terme aux souffrances des quatorze millions de germanophones d'Europe de l'Est qui, depuis les derniers mois de 1944, fuyaient éperdument vers l'Ouest, sans le moindre espoir de retrouver un jour les maisons, villes et contrées où leurs familles étaient pourtant établies depuis des siècles.
En chemin, deux millions d'entre eux, hommes, femmes, enfants, vieillards, laissèrent la vie dans ce qui fut l'exode le plus massif, le plus meurtrier, et finalement le plus méconnu de toute l'Histoire humaine, déchiquetés par les balles et les bombes des avions russes, piétinés par la foule des autres candidats à la survie, broyés par les chenilles des tanks, gelés à mort au bord des routes ou dans les trains immobilisés en pleine campagne, ou alors noyés dans ces navires surchargés de réfugiés qui, comme le Wilhelm Gustloff, coulèrent bien avant d'arriver à l'Ouest.
L'Allemagne avait voulu dominer le monde par le feu et le sang. Son linceul en avait à présent les couleurs.
Le 10 février 1945, deux semaines après le torpillage du Gustloff, Alexander Marinesko avait doublé la mise, en envoyant par le fond le navire-hôpital General Von Steuben, faisant plus de 3000 morts, pour la plupart des blessés sur civières.
Le 16 avril, le sous-marin russe L-3, commandé par le Capitaine Vladimir Konovalov, logeait à son tour deux torpilles dans les flancs du cargo mixte Goya, lui aussi surchargé de réfugiés. Brisé en deux, le Goya coula en moins de 4 minutes, entraînant dans la mort près de 7000 personnes. Après ce nouvel exploit patriotique, Konovalov fut ensuite, tout comme Marinesko, décoré du titre de Héros de l'Union soviétique.
La guerre touchait à sa fin, mais les tragédies maritimes n'étaient pas encore terminées...
1 commentaire:
En fait, Konovalov avait des problèmes récurrents d'indiscipline et d'alccolisme, qui ne le rendirent pas éligible au titre de Héros de L'union Soviétique (l'ordre du drapeau rouge fut lui attribué après confirmation des torpillages du Gusloff et du Steuben).
Peu de temps après, il fut dégradé et reçut une affectation permanente à terre, et finit par écoper d'un internement de deux ans en Sibérie pour vol.
Il mourut d'un ulcère en 1963 et ne reçut le titre de "Héros" qu'en 1990.
Konovalov mourut quant à lui en 1966 avec le grade de contre-amiral et littéralement couvert de décorations.
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