... touché par trois torpilles, le Wilhem Gustloff, incliné sur le flanc babord, va sombrer en moins de 50 minutes. Les rares chaloupes que l'on sait mettre à l'eau, vu l'inclinaison des ponts, sont immédiatement prises d'assaut. A coups de pistolets dans la foule, les officiers s'efforcent, le plus souvent en vain, de maintenir l'ordre.
Ceux qui n'ont pu y prendre place sautent à la mer. Mais dehors, il fait - 18 degrés, et la température de l'eau ne dépasse guère les 2 ou 3 degrés centigrades.
Dans ces conditions, l'espérance de vie ne dépasse pas quelques secondes,... ce qui ne serait pas le pire si - ultime caprice du Destin - ne surgissait alors le croiseur lourd Admiral Hipper, une des dernières grosses unités de la Kriegsmarine, flanqué de l'escorteur T36.
Également surchargé de réfugiés, le Hipper, lancé à pleine vitesse au milieu des centaines de personnes occupées à se noyer, donne un coup de barre pour éviter l'épave du Gustloff,... et aspire dans son sillage des dizaines de naufragés, qui finiront broyés par ses hélices. Encore ceux-là auront-ils eu la chance d'échapper aux détonations des grenades sous-marines lancées par le T36, qui en déchiquètent des dizaines d'autres...
Alexander Marinesko a quitté les lieux du massacre sans demander son reste. Douze jours plus tard, il doublera même la mise contre le navire-hôpital General Von Steuben, faisant plus de 3000 morts, dont une bonne part de blessés sur civières. Pour cette participation héroïque à la défense de la Mère patrie, il sera décoré du titre envié de héros de l'Union soviétique...
Seules quelques centaines de personnes - sur les quelques 10 000 que transportait le Gustloff - ont échappé au massacre, grâce aux canots de sauvetage ou secourus par d'autres navires...
Beaucoup moins célèbre que celui du Titanic, le naufrage du Wilhelm Gustloff a pourtant fait six fois plus de victimes. Mais comme celles-ci n'étaient que de simples numéros dans une guerre qui en avait déjà tué des dizaines de millions, et comme ils étaient allemands, c-à-d ennemis et donc forcément coupables d'une manière ou d'une autre, elles tombèrent presque aussitôt dans l'oubli, à la plus grande satisfaction des autorités soviétiques.
Vae Victis
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