mercredi 27 octobre 2004

598 - l'arche de Noé

... En Prusse orientale, du fait de l'avancée des troupes soviétiques bousculant tout sur leur passage, "une population de 2 200 000 habitants en 1940 avait été réduite à 193 000 personnes à la fin du mois de mai 1945 (...) La terre même avait été rendue impropre à l'exploitation pour plusieurs années. Les maisons avaient été soit brûlées soit dépouillées de leurs installations les plus élémentaires. Des ampoules électriques avaient été volées par des paysans soviétiques qui n'avaient même pas l'électricité chez eux. Les fermes étaient zone morte, tout le bétail ayant été abattu ou envoyé en Russie"

Rien d'étonnant dès lors à ce que des milliers de réfugiés se soient pressés sur ce quai de Gotenhafen - aujourd'hui Gnydia, Pologne - pour y embarquer sur le Wilhelm Gustloff, cet ancien paquebot de la KdF devenu hôpital puis caserne flottante, qui devait appareiller pour Hambourg au matin du 30 janvier 1945.

Combien étaient-ils ? Soixante ans plus tard, nul ne le sait encore avec précision, puisqu'à la liste officielle de 6 050 personnes - dans leur immense majorité des femmes et des enfants, les hommes ayant depuis longtemps été enrôlés dans l'armée ou la Volkssturm - sont venus s'ajouter plusieurs milliers de réfugiés embarqués en dernière minute.

On considère aujourd'hui qu'au moment de son appareillage, le Gustloff, ne transportait pas moins de 10 000 personnes, un chiffre d'autant plus énorme lorsque rapporté à la capacité normale du paquebot, conçu pour moins de 2 000 passagers (!)

De fait, ces malheureux ont dû s'entasser dans tous les coins possibles et imaginables, y compris dans la piscine depuis longtemps vidée. Les conditions de promiscuité et d'hygiène sont bien entendu indescriptibles, surtout lorsqu'on sait que sur les quelque 10 000 passagers, plus de 4 000 sont des bébés ou des enfants en bas âge.

Parmi les réfugiés, ont également pris place près de 2 000 militaires, sous-mariniers, cadets de la marine, servants des pièces de DCA et auxiliaires féminines de l'armée de terre.

Une présence qui fera dire aux Soviétiques que le Gustloff n'était en fait qu'une cible militaire parmi d'autres...

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