mardi 26 octobre 2004

597 - le sauve-qui-peut général

... Conçu pour transporter 1 865 passagers en classe unique, le Wilhelm Gustloff eut le temps d'effectuer quelques croisières d'agrément fort prisées par les ouvriers allemands, avant d'être rattrapé par les vélléités guerrières d'Adolf Hitler.

En mai 1939, le grand paquebot de la Kraft durch Freude fut lui aussi réquisitionné pour rapatrier d'Espagne les soldats allemands de la Légion Condor, qui avaient victorieusement combattu aux côtés du général Franco. Une croisière hautement médiatique, qui fit à nouveau les délices de la propagande nazie.

En septembre de la même année, il dut définitivement renoncer aux croisières d'agrément ou de propagande, et endosser l'uniforme. Devenu navire hôpital, repeint entièrement en blanc, et orné de toutes les croix rouge possibles et imaginables, il servit de la Pologne à la Norvège jusqu'en novembre 1940, avant de se retrouver en Prusse orientale, sur un quai de Gotenhafen - aujourd'hui Gnydia, Pologne - pour y servir de casernement flottant.

La guerre se déroulait maintenant fort loin, et pendant quatre ans, le Gustloff resta à quai, oublié du monde après que le régime hitlérien eut définitivement renoncé à son rêve chimérique de déporter les juifs d'Europe vers Madagascar grâce aux paquebots de la Kraft durch Freude, pour lui préférer une solution autrement plus finale.

Mais en janvier 1945, l'effondrement du Front de l'Est sous les coups de boutoir d'une armée rouge occupée à chasser quatorze millions d'Allemands devant elle, dans le froid et la neige, redonna vie au fleuron de "la Force par la Joie"

Avec des dizaines d'autres navires, civils ou militaires, grands ou petits, paquebots de croisière, croiseurs lourds, cargo ou simples chalutiers, le Gustloff devait maintenant, dans un véritable sauve-qui-peut général, évacuer le maximum de réfugiés vers le Sud, vers ce que l'on supposait être la sécurité.

Une sécurité bien illusoire.

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