... dans l'après-midi du 5 juillet 1942, alors qu'il vient à peine d'envoyer l'ordre d'appareillage au Tirpitz, Adolf Hitler convoque l'amiral Raeder pour lui réitérer ses "ordres personnels" : pas question d'exposer le Tirpitz... surtout si un porte-avions britannique opère à proximité.
Or, à 16H00, un sous-marin russe a aperçu le monstre au sortir du Kaafjord, et aussitôt empli l'atmosphère de messages d'alerte. La sortie du Tirpitz n'est pas passée inaperçue. La Home Fleet va probablement revenir à toute vitesse avec son porte-avions. On ne peut donc plus garantir au Führer que son précieux cuirassé ne court aucun danger.
A 21H50, le message de battre en retraite apparaît aux drisses du Tirpitz qui, dès le lendemain matin, réintègre tristement son mouillage du Kaafjord, sans avoir tiré un seul obus.
Côté britannique, en revanche, la crainte de l'arrivée du même monstre a poussé l'amirauté à ordonner, dans la soirée du 4 juillet, non seulement le repli des croiseurs d'escorte, mais aussi celui des destroyers pourtant attachés à la protection du convoi (!) Ordre de dispersion a ensuite été donné aux cargos qui se retrouvent désormais seuls, à la merci des avions et sous-marins allemands.
Jusqu'au 9 juillet, ceux-ci vont alors pouvoir s'en donner à coeur-joie, coulant 22 navires sur 33, et 130 000 tonnes sur 200 000 (!) Terrés le long des côtes de Nouvelle Zemble, les derniers survivants du PQ17 ne rallieront Arkhangelsk qu'à la fin du mois,... sans avoir eu à affronter le moindre navire de surface allemand.
Plus que tout autre, le massacre du PQ17 constitue l'exemple-même d'une bataille qui, du début à la fin, fut menée contre les espoirs et prévisions des deux protagonistes. Et si elle se solda en définitive par une grande victoire allemande, ce ne fut certes pas du fait de la clairvoyance ou du meilleur sens stratégique de leurs chefs, mais plutôt en dépit d'eux...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire