... pour transformer le vénérable bombardier en piqué Junkers 87 "Stuka" en chasseur de chars efficace, on lui installa un canon de 37mm (à l'origine anti-aérien) sous chaque aile.
Avec un chargeur de 6 obus, chacune de ces armes pesait près de 500 kilos, et handicapait terriblement un avion déjà si lent et vulnérable qu'il avait fallu le retirer à l'Ouest dès l'été 1940.
Sur le front de l'Est, en revanche, la supériorité aérienne russe mit longtemps à se concrétiser, et permit au Stuka anti-chars de se tailler un incroyable palmarès au détriment des blindés soviétiques.
Dans cette discipline très particulière, l'expert "Uber alles" fut incontestablement Hans-Ulrich Rudel qui, à lui seul, détruisit plus de 500 tanks soviétiques (!)
Pour arriver à un tel résultat avec un appareil aussi vulnérable que le Stuka, il fallait non seulement du courage, mais aussi un sens tactique aiguisé.
Tous les tanks du monde (à l'exception des actuels Merkava israéliens) ayant leur moteur à l'arrière, la technique de Rudel consistait à les frapper autant que possible dans le dos, là où leur blindage est le plus faible, et où les obus de 37mm avaient le moins de chances de ricocher.
Jusqu'à la capitulation allemande, les Junkers 87-G (mais aussi les Junkers 88 et autres Henschel 129 anti-chars) firent des ravages dans les rangs soviétiques, détruisant plusieurs milliers de tanks. Cela n'empêcha pourtant pas l'Allemagne de finir écrasée sous le nombre.
Hans-Ulrich Rudel termina la guerre en ayant personnellement détruit 519 tanks, un millier de véhicules, 70 péniches de débarquement, une demi-douzaine d'avions, un cuirassé, deux croiseurs et un destroyer (!) Un palmarès sans équivalent dans le monde, et obtenu pour l'essentiel à bord d'un avion déjà démodé en 1940. Il fut abattu une trentaine de fois (!), et blessé à de multiples reprises. Amputé d'une jambe en février 1945, il était de retour au combat six semaines plus tard...
Sportif émérite et alpiniste chevronné, il fut le pilote le plus décoré d'Allemagne, et aussi le plus recherché par les Russes, qui mirent sa tête à prix pour 100 000 roubles. Craignant - à juste titre - la vengeance russe, il se rendit avec son escadrille aux Américains en mai 1945, n'hésitant pas, avant même sa descente d'avion, à frapper le soldat américain qui s'apprêtait lui voler ses décorations et à les emporter comme souvenirs.
Après une brève incarcération, il s'exila ensuite en Argentine, gravit plusieurs sommets des Andes avec sa jambe artificielle, puis rentra en Allemagne au début des années 1950.
Devenu légende vivante et homme d'affaire respecté à défaut d'être respectable, il mit à plusieurs reprises le gouvernement allemand dans l'embarras par ses prises de position ultra-conservatrices et son engagement dans des partis d'inspiration neo-nazie.
Il mourut en 1982, sans jamais avoir renié Hitler ni son credo personnel : "Verloren ist nur, wer sich selbst aufgibt" : seuls ceux qui s'abandonnent sont perdus...
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