samedi 18 septembre 2004

559 - le nain italien

... avant guerre, l'armée italienne faisait encore bonne figure. Sa marine était moderne, son aviation - qui avait fortement contribué à la victoire du général Franco contre les Républicains espagnols - battait les records mondiaux de vitesse et d'altitude, et son infanterie lui avait offert l'Éthiopie et l'Albanie, pays il est vrai fort peu modernes.

La Seconde Guerre mondiale allait pourtant tempérer très rapidement les ambitions démesurées de Benito Mussolini pour se constituer un empire digne de Jules César et des légions romaines. Mal commandée, mal équipée, manquant souvent du simple désir de se battre, "l'armée italienne" devint bientôt synonyme de "farce", aussi bien sur terre, sur mer que dans les airs.

Ce triste constat s'appliquait également aux blindés italiens. Le plus puissant d'entre eux, le Carro Armato M13/40 était, avec ses modestes 14 tonnes, catalogué comme "char moyen" alors qu'il était plus lent, moins performant et encore moins protégé que le M3 "Stuart" américain, quant à lui considéré comme "char léger" (!)

En Afrique du Nord, l'aventure italienne tourna vite au désastre. Si les Carro Armato, mécaniquement très fragiles, supportaient fort mal le sable du désert, ils supportaient encore moins bien les affrontements avec les pourtant fort modestes tanks britanniques, pas mieux armés qu'eux mais dotés d'un blindage infiniment plus épais et efficace. Les piètres canons de 47mm des chars italiens ne pouvaient faire grand tort aux Matilda britanniques deux fois plus lourds qu'eux-mêmes. En revanche, les "2 pounders" (40mm) de ces derniers faisaient éclater les Carro Armato comme boîtes de conserve sur un stand de tir, ce qui ne contribuait certes pas à renforcer l'ardeur guerrière déjà fort défaillante des équipages ayant réussi à échapper au massacre.

L'invasion de la Grèce, que Mussolini envisageait comme une promenade de santé, aurait tourné à la déroute sans l'intervention musclée des armées allemandes et de leur aviation. L'offensive italienne au Moyen-Orient se transforma en débâcle, que seuls purent enrayer les Panzers allemands d'un certain Erwin Rommel. Et les insuffisances de l'industrie italienne empêchèrent le renouvellement d'un tank qui aurait été parfait pour la Première Guerre mondiale, mais se trouvait irrémédiablement surclassé pour la Seconde.

Déjà confidentielle, la production des Carro Armato cessa en 1942, sans qu'aucun remplaçant lui ait été trouvé. Et les derniers exemplaires combattirent sans gloire, et dans l'ombre au côté des Allemands, jusqu'à la capitulation de l'Italie et le renversement des alliances, en juillet 1943.

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