vendredi 10 septembre 2004

551 - la panthère qui n'aimait pas la neige

... jusqu'à leur entrée en URSS, à l'été 1941, les Panzers III et IV, qui constituaient l'ossature des blindés allemands, avaient su s'acquitter de leur tâche avec efficacité, sinon avec aisance.

Mais lorsqu'ils se retrouvèrent face aux premiers tanks T34 russes, la surprise fut totale, et les résultats si alarmants que nombre de tankistes allemands ne durent souvent leur salut qu'à l'intervention de leur aviation, et au fait que les Russes, certes capables de construire le meilleur tank du monde, n'avaient pas encore appris à s'en servir avec efficacité et méthode.

A l'évidence, il fallait revoir entièrement la conception de blindés désormais surclassés en protection et puissance de feu. Dans un premier temps, et considérant l'urgence, il fut même envisagé de copier entièrement le T34 (dont quelques exemplaires avaient été capturés intacts) et de le produire en Allemagne. Cette solution, outre le fait de blesser l'orgueil national, aurait évidemment entraîné pas mal de confusion sur le champ de bataille. Elle fut donc abandonnée au profit d'une autre, cette fois 100% nationale.

En avril 1942, MAN fit donc approuver les premiers dessins de son nouveau char de combat - baptisé "Panther", dont les premiers exemplaires furent testés en septembre de la même année.

Hitler, qui voulait absolument en disposer pour la nouvelle offensive qu'il se promettait de lancer au printemps 1943, insista pour que le Panther entre immédiatement en production.

En vain lui fit-on remarquer que la bête n'était pas prête, et que les 700 CV de son moteur Maybach surchauffaient dangereusement à déplacer les 45 tonnes de l'ensemble. Comme d'habitude, le Führer s'entêta et, comme d'habitude, le résultat de cet entêtement se traduisit par un désastre : à Koursk, en juillet, la plupart des Panther tombèrent tout simplement en panne sur la route qui les amenait du chemin de fer au front, et les rares exemplaires qui survécurent à la bataille et à la défaite allemande durent carrément être renvoyés chez MAN pour y être reconstruits..

Finalement guéri de ces maladies de jeunesses, le Panther s'avéra un formidable engin de combat, qui ne le cédait en rien au T34, et forçait régulièrement les Sherman américains à se mettre à trois ou quatre pour en venir à bout (!)

Hélas, sa suspension à roulements entrelacés, très efficace et confortable en terrain accidenté, conserva jusqu'au bout sa détestable propension à geler dans l'hiver russe, ce dont profitèrent les tankistes soviétiques, qui s'efforçaient toujours d'attaquer à l'aube, lorsque les équipages de Panther (mais aussi des Tigre semblablement suspendus) étaient encore occupés à dégager à la masse les roues extérieures de leur tank, pour enlever la neige et la glace qui s'étaient accumulés entre les roulements...

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