jeudi 2 septembre 2004

543 - autour de la Lune

... contraints par les bombardements alliés, puis par le débarquement de Normandie, à revenir à davantage de réalisme et de discrétion, les ingénieurs allemands n'en entendaient pas moins bombarder Londres au moyen de leurs Vergeltungswaffen" ou "armes de représailles".

La plus connue, et de loin la plus utilisée, fut la fusée V1, ancêtre de nos actuels missiles de croisière. Construite par Fieseler, la V1 était un petit avion sans pilote transportant 800 kilos d'explosifs, qu'un pulsoréacteur Argus propulsait à plus de 600 kms/h pendant environ 300 kilomètres. De par sa conception-même, le pulsoréacteur exigeait, pour être démarré, que la V1 fut déjà en mouvement, ce qui imposait de le lancer depuis un appareil en vol ou, plus généralement, depuis une rampe de plusieurs dizaines de mètres, fort vulnérable aux bombardements alliés. Une fois en vol, la V1 conservait une trajectoire immuablement rectiligne jusqu'à ce qu'une minuterie programmée au sol interrompe l'alimentation du pulsoréacteur, entraînant la chute de l'engin.

Responsables de la mort de plusieurs milliers de personne, les V1, dont l'imprécision notoire ne leur permettaient que de frapper des grandes villes à l'exclusion de tout objectif exclusivement militaire. Leur seule contribution à la guerre fut de mobiliser loin du front des centaines de canons antiaériens et de chasseurs ultra-rapides (parmi lesquels les premiers "Meteor" à réaction), qui les abattirent par centaines.

De fait, sur plus de 25 000 V1 lancés sur Londres, Anvers ou Liège, plus de la moitié furent détruites en vol ou victimes de problèmes techniques.

Infiniment plus sophistiquée (donc plus longue et coûteuse à produire), et ancêtre de tous les missiles balistiques d'aujourd'hui, la fusée V2 transportait environ une tonne d'explosifs sur une distance équivalente, mais à plusieurs fois la vitesse du son, ce qui la rendait impossible à intercepter.

Paradoxalement, cette invulnérabilité constitua la principale faiblesse des V2 qui, lancées à plusieurs milliers d'exemplaires, ne mobilisèrent aucune défense alliée.

Faute de bombe atomique, que les ingénieurs allemands ne purent jamais mettre au point à temps, ni la V1 ni la V2 n'eurent la moindre influence sur la guerre, et coûtèrent au contraire fort cher au Troisième Reich, que ce soit en Reichsmarks, en énergie, en carburant ou en ressources diverses.

Pour atteindre l'efficacité d'un seul grand raid de "mille bombardiers" britanniques ou américains, qui transportaient chacun de quatre à cinq tonnes de bombes à chaque vol, et notamment sur Hambourg, Berlin ou Dresde, il aurait en effet fallu lancer plus de 5 000 V1 ou V2 à la fois.

A la capitulation allemande, moins de 30 000 avaient été lancés, qui pour plus de la moitié n'atteignirent jamais leur cible...

Aucun commentaire: